Ce dimanche 2 octobre, les élections municipales ont eu lieu et, comme prévu, le PT en a été le grand perdant : il aura moins de la moitié des municipalités qu’il avait en 2012...
Curieusement, pour les autres partis, il n’y a pas eu de changements majeurs. La plupart des partis de droite, mais aussi des partis qui peuvent être classés au centre-gauche et qui sont restés alliés du PT (PC do B et PDT), connaissent une certaine progression. Le parti le plus idéologiquement à droite, le PSDB, est tout de même celui qui s’est le plus renforcé, en particulier par l’élection dès le premier tour du maire de São Paulo, la plus grande ville du pays.
Le PSOL, le parti le plus à gauche qui dispose d’une représentation parlementaire, a un peu progressé, phénomène qui pourrait s’accentuer au second tour le 30 octobre. Ainsi il sera au second tour à Rio de Janeiro, la deuxième ville du pays, et à Belém, la ville la plus importante dans la région Nord, capitale de l’État du Pará, cela malgré le changement dans les règles électorales qui a grandement réduit l’accès à la télévision des partis qui, comme le PSOL, ont moins de 10 députés nationaux.
Le PT souffre, et pas seulement à cause des élections perdues ou de la destitution de Dilma Rousseff. Les enquêtes pour corruption centrées sur la compagnie pétrolière (Petrobras) se poursuivent et, bien qu’il y ait beaucoup de partis impliqués, elles se centrent de plus en plus sur le PT. Au cours des dernières semaines, deux anciens ministres du gouvernement Lula ont été arrêtés, et Lula lui-même est officiellement mis en accusation. Deux semaines avant les élections, des procureurs ont fait une étrange présentation des accusations portées contre lui, sans apporter de preuves claires. Il ne fait aucun doute qu’il y a eu corruption à Petrobras, et le PT en a bénéficié. De plus, il n’y a pas de doute que Lula avait au moins une certaine connaissance de cela... Mais il y a aussi beaucoup de preuves que la corruption à Petrobras n’a pas commencé avec les gouvernements PT, et que pendant leur mandat, de nombreux autres partis, en particulier le PMDB de l’actuel président Michel Temer, ont été impliqués.
La partialité de la conduite des enquêtes est scandaleuse, et il est clair que, plutôt que de chercher la vérité et la justice, les procureurs et les juges veulent profiter de l’occasion pour éliminer le PT. Bien que les gouvernements PT n’aient attaqué aucun intérêt bourgeois fondamental, bien au contraire, ce parti n’a pas non plus gagné la confiance de la bourgeoisie.
Flux et reflux
Mais dans cette élection, la direction du PT a montré qu’elle n’a rien rien appris sur l’ingratitude de la bourgeoisie. Elle a continué à faire de nombreuses alliances avec des partis de droite, en particulier avec le PMDB lui-même, le parti qui a dirigé le coup d’État parlementaire contre Dilma Rousseff. Il y a certes beaucoup de critiques au sein du PT contre cette politique, mais le PT ne semble plus capable de se transformer, et encore moins de « revenir à ses origines », comme le voudraient certaines critiques.
Pourtant, l’opposition au gouvernement Temer reste très forte. Dans les grandes villes, la plupart des candidats assimilés au PMDB ont été vaincus. Temer a même dû voter avant l’ouverture officielle du bureau de vote pour éviter de rencontrer une manifestation contre lui !
Dans les jours qui ont suivi l’approbation de la démission de Dilma Rousseff (le 31 août), il y a eu des centaines de manifestations « Temer dehors ! », en partie spontanées, avec beaucoup de jeunes, dont une manifestation d’environ 100 000 personnes à São Paulo le 4 septembre. Il y a eu aussi de nombreuses mobilisations de jeunes contre le projet de réforme du secondaire du gouvernement Temer.
En ce moment, il y a un reflux des mobilisations, mais le sentiment d’insatisfaction qui les a motivées est encore bien présent, et après le second tour des élections, quand Temer annoncera des mesures plus impopulaires, les manifestations pourraient revenir. Bien que les secteurs de droite aient obtenu des victoires et soient à l’offensive, la situation est donc loin d’être stabilisée...
De São Paulo, João Machado