Le Brésil a remis à l’ordre du jour les thérapies dites de « conversion » qui sont censées « guérir » de l’homosexualité suite à une décision de justice… Un scandale absolu, mais le Brésil est loin d’être une exception en la matière.
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a retiré l’homosexualité de la liste des maladies depuis 1990, soit il y a moins de 30 ans. Pour rappel, il a fallu attendre 1992, en France, pour qu’elle ne soit plus considérée comme une pathologie mentale après sa dépénalisation en 1982 sous Mitterrand. Jusque dans les années 1970, l’homosexualité était « soignée » par des thérapies par aversion, notamment aux États-Unis : électrochocs, castration chimique ou chirurgicale, lobotomie. Le retrait de l’homosexualité du DSM (Diagnostic and Statistic Manual of Mental Disorders), l’ouvrage de référence de l’APA (American Psychiatric Association) en 1986 n’a pas empêché les thérapies de conversion de continuer partout dans le monde, même si dans de nombreux pays elles sont devenues largement minoritaires chez les psys.
Le grand bond en arrière
Au Brésil, les thérapies de conversion pour les homosexuelLEs avait été interdites en 1999, parce qu’elles provoquaient un effet désastreux sur la santé psychique des patientEs. Mais la semaine dernière, le juge Waldemar de Carvalho a de nouveau autorisé ces thérapies qui n’en sont pas, à la demande de certains psychologues voulant proposer des thérapies de réorientation sexuelle. Cette décision s’oppose donc à la fois aux recommandations de l’OMS mais aussi du Conseil national de psychologie au Brésil, qui a annoncé vouloir faire appel de la décision du juge. C’est un grand bond en arrière que viennent de subir les personnes LGBTI au Brésil. Ce sont souvent des jeunes gays, lesbiennes et bisexuelLEs qui sont envoyés dans ce type de thérapie par leurs parents. Samedi 23 septembre, plusieurs manifestations ont eu lieu dans les grandes villes du pays pour s’opposer à cette remise en cause des droits des LGBTI.
Cette décision est une attaque grave, qui nous rappelle que nos droits sont toujours ceux que nous avons arrachés par nos luttes, et que l’on peut aussi facilement nous les reprendre dans une période d’offensive réactionnaire partout dans le monde.
En Occident aussi…
Certains pensent que les pays occidentaux seraient à l’abri, mais il n’en est rien. En France, par exemple, il n’y a aucune législation claire en la matière, et la méthode « à l’américaine » des groupes de thérapie de conversion existe, même s’ils sont peu nombreux (5 ou 6 groupes de ce type en France). Une autre réalité est difficile à évaluer : celle des psys qui, dans des consultations individuelles dans leur cabinet, continuent de « soigner » leurs patients car ils considèrent qu’il y a une ambiguïté identitaire.
Aux États-Unis, ces thérapies sont monnaie courante, elles sont d’ailleurs souvent traitées dans les fictions cinématographiques ou télévisuelles LGBTI, comme dans la comédie But I’m A Cheerleader de Jamie Babbit avec Natasha Lyonne. Si certains États les ont interdites, comme en Californie, les États-Unis sont en plein paradoxe : d’un côté, des États à la pointe des droits LGBTI et, de l’autre, des États avec des lois très répressives. La religion joue un rôle particulièrement néfaste : on estime que ces thérapies existent dans 2/3 des diocèses du pays.
Les pays interdisant formellement ce type de thérapie sont minoritaires dans le monde à l’instar de Malte qui, depuis le 8 décembre 2016, punit ce type de pratique de 10 000 euros d’amende… mais où l’avortement est toujours interdit.
Mimosa Effe