Alors que le second tour de l’élection présidentielle au Brésil aura lieu le 30 octobre, nous publions le point de vue de nos camarades d’Insurgência, tendance interne au PSOL (Parti Socialisme et liberté, né en 2004 d’une scission de gauche du Parti des travailleurs — PT).
La nécessité d’un large front politique est clairement établie au vu des résultats électoraux, tout comme a été réaffirmée la nécessité de construire un projet à la gauche de Lula. Le PSOL s’impose comme représentant cette option, en maintenant sa radicalité et son autonomie tout en se montrant responsable au vu du moment historique et de la nécessaire composition avec d’autres forces. Le PSOL consolide l’espace d’une gauche dotée d’un programme qui promet de faire pression sur le futur gouvernement Lula pour défendre les questions fondamentales de la société, comme il le fait dans ces élections. Cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître et mesurer les défis à venir, en cas de victoire — espérée — de Lula, quant au maintien de ce profil pour le parti, surtout face aux pressions qui seront imposées à la gauche par un nouveau gouvernement à caractère progressiste.
Percée à gauche
Il est important de souligner que, bien que nous ayons toujours une Chambre des députéEs à majorité conservatrice, le centre-gauche et la gauche radicale ont connu une croissance significative, avec la coalition PT-PCdoB-PV1 qui a gagné 12 sièges, pour un total de 80 éluEs, et la coalition PSOL-REDE2 qui a obtenu 14 sièges au total.
Le PSOL a non seulement élargi son nombre d’éluEs, mais a également renouvelé et diversifié ses représentations, fruit d’une construction organique de ces secteurs dans le parti et d’un pari correct de la direction du parti. Nous avons étendu notre contingent au niveau des États, qui est passé de 15 à 22 députéEs. Au niveau fédéral, il est passé de 8 à 12 avec, en plus de ceux qui ont été réélus, Sônia Guajajara et Célia Xakriabá, premières femmes indigènes élues par leurs États, Erica Hilton, première députée fédérale transgenre du pays, Henrique Vieira, jeune pasteur noir anti-fondamentaliste, Tarcisio Motta, important leader carioca de l’éducation et de la culture, Guilherme Boulos, plus d’un million de voix pour un leader du Mouvement des travailleurEs sans-toit, et le retour de Chico Alencar3 à la Chambre fédérale. Un ensemble d’éluEs socialistes composé majoritairement de femmes, qui aura la tâche de construire l’unité pour continuer à imposer des défaites au fascisme et en même temps d’être un bastion à gauche du gouvernement Lula.
Vaincre l’extrême droite est la tâche d’une génération
Nous savons que le deuxième tour n’est pas joué. Nous devons gagner trois millions de voix supplémentaires pour assurer la victoire, laquelle est une nécessité historique pour le Brésil et pour le monde. […]
C’est pourquoi nous pensons qu’il est décisif que, dans cette dernière ligne droite, la campagne ait moins une tonalité nostalgique [de la période « avant Bolsonarao »] et davantage en défense de propositions pour l’avenir du Brésil et de la démocratie. La centralité de la lutte contre la faim et les inégalités avec une politique de créations d’emplois, la fin du plafonnement des dépenses [publiques] pour démocratiser la santé et l’éducation, la déforestation zéro, la démarcation des terres indigènes4 et la protection sociale sont autant d’idées et de propositions qui doivent revenir dans l’imaginaire du peuple brésilien.
Le rôle de la gauche radicale — le PSOL et les mouvements sociaux critiques — doit être, d’une part, de construire le front pour barrer la route au néofascisme et, d’autre part, de disputer l’hégémonie au sein du champ politique pro-Lula, en défendant les idées radicales qui seront portées par ses nouveaux et nouvelles éluEs. Il s’agit bien de renforcer les mouvements sociaux, et que la gauche reprenne les rues dans une perspective de mobilisation de masse.
Traduction J.S.
Version intégrale (en Portugais) sur insurgencia.org.