Publié par SolidaritéS. À l’instar de la pandémie du Covid-19 qui se répand à travers le monde, un autre virus menace la société : celui de la récession. Les effets économiques et sociaux de la crise sanitaire, politique et sociale sont encore imprévisibles.
Si la pandémie laisse des séquelles en Europe, où la norme de bien-être est supérieure à celle des pays de la périphérie, que penser de l’arrivée de son pic dans le Sud global ? L’effet du COVID-19 sera terrible dans le continent latino-américain où la misère s’accumule, les services publics sont ruinés et une bonne partie des gens travaillent au noir. La situation en Équateur, où des corps sont abandonnés à ciel ouvert, constitue les prémisses d’un effondrement sanitaire et économique à venir. En Europe, tous les indices économiques ont chuté au cours du premier trimestre : la rétractation dans des pays comme la France, l’Italie, l’Angleterre et l’Allemagne oscille entre 4 et 6%. On y assiste également à de nombreux licenciements et à la réduction de la masse salariale. Le Fonds Monétaire International a affirmé que la « grande paralysation » conduira la planète à une récession pire que celle de 2008, et que la crise actuelle ne peut être comparable qu’à celle de 1929. Au Brésil, la situation est encore plus grave. La pandémie a dépassé les 92 000 cas et 4000 morts. Ces chiffres sont probablement largement sous-estimés : certaines sources affirment que le pays compte dix fois plus de cas. Un exemple tragique des conséquences de la propagation rapide du virus est celui de la ville de Manaus, dont le système de santé s’est déjà effondré et où le nombre de mort·e·s bat des scores jamais vus. Sans une structure hospitalière capable de prendre en charge les malades, plusieurs personnes sont décédées dans les files d’attente, et les médecins sont contraint·e·s de choisir entre ceux et celles qui meurent, et ceux et celles qui ont encore une chance de lutter pour leur vie. Bolsonaro nie la réalité de la pandémie, et exacerbe les aspects les plus aigus de cette crise générale. En l’absence d’un travail coordonné, « l’effort de guerre » – qui exige plus de centralisation et de coopération – porte moins ses fruits ; d’une part car les mesures de confinement ne s’appliquent qu’à moitié, et d’autre part, à cause de l’incapacité du gouvernement à gérer le pays.
Une politique de la mort
Les mesures de Jair Bolsonaro et Paulo Guedes donnent la priorité à la garantie des profits des banques, au système financier, aux créanciers de la dette publique et aux grandes entreprises. La« mesure provisoire », qui permet la réduction des salaires, a déjà poussé un million de travailleurs·euses à vivre avec de maigres revenus et d’énormes difficultés financières. Les porte-paroles de la bourgeoisie tentent de profiter de la crise pour exiger que l’on fasse passer des mesures comme les coupes des salaires pour les fonctionnaires publics et l’augmentation de la sous-traitance. Les classe travailleuse, légale ou non, du public comme du privé, est condamnée à l’insécurité, à l’endettement, à l’appauvrissement et au chômage. On estime que le nombre de chômeurs·ses au Brésil pourrait doubler dans les prochains mois. Bolsonaro est le grand responsable de l’aggravation de la misère. En relativisant le coronavirus, en en faisant des blagues, en visitant des points de commerce, et en incitant des manifestations publiques contre le confinement, il expose des millions de brésilien·ne·s au risque. Avec son ministre de l’économie, il a proposé une rente d’urgence de seulement 200 reais (environ 30 CHF). Sa seule proposition concrète est d’avoir recours à l’hydroxychloroquine, un médicament dont l’efficacité contre le COVID-19 n’a pas été prouvée. Il s’agit d’une véritable politique de la mort.
Virer Bolsonaro pour sauver le pays
Face à ce scénario, il est nécessaire de demander de qui va payer la crise. Le mouvement des travailleurs·euses et des jeunes, durement attaqué·e·s dans leurs conditions de vie, se retrouve dans des conditions difficiles pour pouvoir intervenir. En même temps, la chute du ministre de la santé, Luiz Henrique Mandetta et la sortie du ministre de la Justice, Sérgio Moro démontrent une grande instabilité du gouvernement Bolsonaro et mettent en évidence la nécessité d’un impeachment. Si l’on veut sauver le pays, il faut virer Bolsonaro ! Nous avons besoin de mesures de combat contre la pandémie qui minimisent les effets de la paralysation économique sur les travailleurs·euses, et non le contraire. Il faut accélérer le paiement de la rente de pandémie, promouvoir la reconversion industrielle pour produire des fournitures et des équipements nécessaires aux hôpitaux, défendre les travailleurs·euses de la santé ; mais aussi promouvoir des tests massifs afin de combattre la sous-estimation et aider à l’isolement immédiat des malades. De plus, il est nécessaire de taxer les millionnaires par le biais d’impôts sur les grandes fortunes et les héritages, sur les bénéfices et les dividendes, ainsi que sur les banques et le système financier. Le principal obstacle pour obtenir ces mesures au Brésil a un nom : Jair Bolsonaro. C’est pourquoi, des figures du PSOL, au côté de plusieurs intellectuels·les, artistes et de plus d’un million de signataires ont déposé une demande d’impeachment il y a quelques jours. Ce n’est qu’un début : nous devons élargir nos méthodes de lutte à la grève, les concerts de casseroles, et planifier des actions créatives tout en respectant les consignes d’éloignement social, en prenant exemple sur ce qui s’est fait récemment à Tel Aviv. La tâche du PSOL est de montrer le chemin à des millions de brésilien·nes. C’est l’heure de passer à l’action ! A bas Bolsonaro ! On veut l’impeachment !