Publié le Mercredi 14 juillet 2021 à 10h04.

Canicules catastrophiques au Canada

Une vague de chaleur extrême a traversé l’ouest du Canada, causant des centaines de morts. La température a atteint 49,6 °C dans le village de Lytton, en Colombie-Britannique – ce village a été ensuite détruit par un feu de forêt – battant des records de tous les temps au Canada.

Les climatologues sont prudents lorsqu’ils citent le changement climatique comme la cause d’un événement météorologique particulier. Mais pour elles et eux, les preuves montrent que les événements extrêmes s’intensifient et deviennent plus fréquents en raison du réchauffement climatique.

La vague de chaleur s’explique par un phénomène appelé « dôme de chaleur », soit une masse d’air très chaude qui s’installe sur une région et qui ne bouge pas. Ce dôme thermique de haute pression crée un effet comparable à celui d’un couvercle posé sur un chaudron d’eau bouillante.

Les expertEs sont unanimes : sans le changement climatique anthropique, un dôme de chaleur d’une puissance aussi extrême n’aurait presque sûrement pas pu se mettre en place. Le réchauffement climatique rend les vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus intenses.

Augmentation des inondations et de la pollution

On espère la pluie pour contenir les feux de forêt qui font rage. Mais la pluie risque de créer de graves problèmes d’inondation. Le dôme de chaleur favorise la sécheresse déjà en cours, d’où la multiplication des feux de forêt. Or, autre effet de la canicule, la fonte des glaciers et du manteau neigeux de la chaîne côtière des Rocheuses s’accélère et l’eau est haute dans les rivières. Aussi, des habitantEs de la vallée de Pemberton, au nord de Vancouver, ont reçu l’ordre d’évacuer leurs logis, car les cours d’eau sortent de leur lit.

La canicule élève aussi la pollution au niveau du sol. Vancouver, la métropole de la Colombie-Britannique, alerte sur un haut niveau d’ozone troposphérique, lié à des réactions entre l’oxyde d’azote, un produit de la combustion des énergies fossiles, et des composés organiques volatils qui augmentent quand l’air chaud stagne. Bref, le dôme de chaleur entraîne une dégradation importante de la qualité de l’air et, par conséquent, de la santé de la population.

La catastrophe climatique en marche

Températures estivales records, feux meurtriers, hivers exceptionnellement doux et sans neige dans de nombreuses régions, comme ce fut le cas cette année au Québec, avec à la clé déjà huit tornades, phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus violents : la catastrophe climatique progresse plus vite que les projections, du fait principalement de la sous-estimation des rétroactions du réchauffement.

Les régions polaires se réchauffent jusqu’à trois fois plus vite que la moyenne planétaire, alimentant les vagues de chaleur dans l’Arctique. En fait, les régions les plus froides de la planète se réchauffent plus rapidement que les régions plus proches de l’équateur, de sorte que les personnes vivant dans des climats tempérés peuvent connaître certaines des augmentations les plus importantes des épisodes de chaleur extrême. Des régions du monde déjà chaudes deviennent également plus chaudes, les poussant au-delà du domaine de l’habitabilité dans certaines périodes de l’année.

Les vagues de chaleur exacerbent les inégalités sociales structurelles : alors que les villes se réchauffent plus rapidement que leurs environs, les quartiers les plus pauvres – qui abritent de manière disproportionnée des personnes de couleur, les immigrantEs et les Autochtones – et les quartiers ouvriers ont tendance à devenir plus chauds. Ces quartiers ont moins de couvert arboré et d’espaces verts et plus de surfaces pavées qui absorbent la chaleur. Dans le même temps, les résidentEs à faible revenu ont plus de mal à s’offrir les produits permettant le refroidissement de leur logement. Ce modèle d’inégalité face à la chaleur se joue également à l’échelle mondiale.

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