Publié le Samedi 11 novembre 2023 à 08h00.

Cisjordanie : face aux attaques de l’armée et des colons israéliens, peur, désespoir et colère des PalestinienEs

Les massacres du peuple palestinien de Gaza sont innommables mais les nouvelles provenant de la Cisjordanie sont également terrifiantes. Villes, villages et camps de réfugiéEs quadrillés jour et nuit ; arrestations et tueries quotidienne ; menaces ; agressions permanentes et expulsion des habitantEs de leurs villages par l’armée israélienne et les colons.

 

Des amiEs à Beit Jala/Bethléem et au camp de réfugiéEs Dheisheh nous confirment cette situation dramatique pour les PalestinienEs. Beit Jala, à côté de Bethléem, ville principalement chrétienne de 12 000 habitantEs, se situe à 10 kilomètres de Jérusalem. Des dizaines de milliers de PalestinienEs sont partis de Beit Jala au Chili après 1948, et depuis ils continuent à s’exiler pour échapper aux menaces permanentes de l’État sioniste. On parle de 100 000 personnes exilées ou descendantes au Chili et aux Amériques, provenant de la région de Beit Jala/Bethléem. D’ailleurs, l’espagnol est une langue parlée par beaucoup de monde dans ces villes. Les maisons abandonnées par les exiléEs ont accueilli des refugiéEs de la Nakba.

À quelque dix kilomètres de Jérusalem

Dheisheh fait partie des nombreux camps de réfugiéEs créés en 1949. Sur une surface de 1 km2 vivent aujourd’hui 17 000 personnes dans des conditions particulièrement ­difficiles.

Ville et camp des réfugiéEs sont entouréEs de colonies, et le mur de la haine et de la honte construit par Israël découpe, encercle, emprisonne le Territoire palestinien occupé. Depuis la construction de ce mur, pour se rendre de Bethléem à Jérusalem, à 10 km de là, il faut passer des heures aux checkpoints. Aujourd’hui, les PalestinienEs ne peuvent aller nulle part. Elles et ils sont prisonnierEs d’un état de siège permanent.

Les images qu’ils ont pu nous transmettre confirment l’état d’occupation et de siège : des colons menaçants, des villageoisEs chasséEs violemment de leurs champs au moment de la récolte des olives ; des rues désertes traversées par des soldatEs israélienEs surarmés ; des PalestinienEs arrêtés violemment à l’aube, mains et pieds attachés, yeux bandés…

Michel* qui vit à Beit Jala, nous parle de tous les checkpoints de l’armée dans la ville et nous dit qu’il y a des choses horribles qui ont lieu partout dans la région de Bethléem, notamment dans les villages et à proximité des colonies.

S’exiler ? Pour aller où ?

Hassan* vit avec sa femme et leurs trois très jeunes enfants à Dheisheh. BloquéEs dans leur petit appartement. Cela fait plusieurs semaines qu’ils n’ont pas pu voir le reste de la famille. Des soldats et colons armés, des tracts des colons ordonnant aux PalestinienEs de partir en Jordanie, trois personnes assassinées en quinze jours dont un jeune de 16 ans. On voit le corps inanimé, le sang, les obsèques…

Quand on lui pose la question du travail, il répond qu’il n’y en a plus « tout simplement » et que ce n’est pas facile de se débrouiller pour subvenir aux besoins de sa famille.

L’État sioniste et colonial mène une guerre totale à Gaza. Il attaque aussi touTEs les PalestinienEs. La situation en Cisjordanie est également grave. La peur, le désespoir mais aussi la colère sont palpables dans nos échanges. Nos amiEs se posent la question : « Devons-nous partir aussi, comme l’ordonnent les colons et le veut l’État sioniste, avant qu’il ne soit trop tard. Mais pour aller où ? »

Elles et ils voudraient encore croire à la solidarité internationale et garder un peu d’espoir. C’est notre devoir de manifester, massivement, notre solidarité, mettre la pression sur notre gouvernement pour dire : « Halte à cette situation ». C’est le minimum qu’on doit au peuple palestinien.

 

*Les prénoms ont été changés.