Une semaine après avoir rejoint l’attaque israélienne contre l’Iran, les États-Unis annoncent un cessez-le-feu sans qu’aucun de leurs objectifs ne soit atteint. Derrière cette annonce, se dessinent les ambitions persistantes de remodeler la région par la guerre, au prix de la vie des peuples du Moyen-Orient.
L’attaque contre l’Iran sonne comme un retour aux fondamentaux du projet « Grand Moyen-Orient » de Bush, 20 ans après l’attaque contre l’Irak et la chute du régime de Saddam Hussein. L’Iran était affaibli après le renversement de Bachar El-Assad en Syrie, les coups portés au Hamas à Gaza, au Hezbollah au Liban et après le cessez-le-feu passé entre les États-Unis et les Houthis au Yémen.
La fenêtre d’opportunité semblait être la bonne pour en finir avec le régime de Téhéran et imposer par les armes une normalisation de l’État d’Israël, afin d’asseoir durablement les intérêts étatsuniens dans la région. En bombardant les installations nucléaires et des cibles civiles, l’État d’Israël pensait provoquer la chute rapide d’un régime honni par la population et contesté en son sein (par certains secteurs du régime plus enclins à collaborer ou par les royalistes et les Moudjahidines du peuple, qui accueillent favorablement les bombardements israéliens).
La guerre contre l’Iran permet également à Netanyahou de reprendre la main en interne : elle est massivement soutenue par la population, alors que la contestation grandissait concernant Gaza.
Arrêt des bombardements ou temporisation ?
Mais le régime n’est pas tombé. Et malgré ses capacités militaires fortement réduites, il a même réussi à infliger des dommages notables en Israël, provoquant des morts sur son sol. Le régime iranien a réussi à contenir les contestations internes en réprimant davantage sa population. L’attaque de bases au Qatar et en Irak (dont Washington était prévenu) a voulu faire passer un message : les 40 000 soldatEs étatsunienNEs déployéEs dans la région sont menacéEs.
On ne peut que faire des conjectures sur les motivations des États-Unis quant au cessez-le-feu annoncé, mais le but premier de Trump reste d’affaiblir le régime pour obtenir le maximum de concessions, une capitulation sur le terrain des négociations. L’opinion étatsunienne massivement opposée à une guerre contre l’Iran, la renaissance des contestations populaires internes, et les premières discussions au Congrès ont pu également jouer un rôle.
Mais une chose est sûre — on l’a vu pour le Liban où l’État d’Israël continue les bombardements, et à Gaza où il n’a pas respecté ses propres engagements et a repris le génocide en l’accentuant — ce genre de cessez-le-feu n’est qu’une arme supplémentaire aux mains d’Israël et des États-Unis dans leurs projets de remodelage. Il y a donc fort à parier que le cessez-le-feu avec l’Iran ne soit qu’une pause avant la prochaine étape de la guerre que les États-Unis et l’État d’Israël mènent aux peuples de la région. Et les États-Unis sont prêts au chaos pour faire valoir leurs intérêts face à la Russie et à la Chine.
Contre les guerres et le génocide, amplifier la solidarité !
La situation montre la convergence de deux agendas qui pouvaient paraître parallèles : l’éradication des PalestinienNEs et la reconfiguration de la région sous domination israélo-étatsunienne. Face à ces projets, nous devons renforcer la solidarité avec les peuples qui paient un lourd tribut à cause des guerres impérialistes. Nous sommes aux côtés des peuples d’Iran face à l’agression israélo-étatsunienne. Nous soutenons les organisations et militantEs en Iran qui réclament l’arrêt immédiat de la guerre et nous soutenons toutes celles et ceux qui luttent en Iran pour l’égalité, la liberté et la justice sociale.
Pour cela, il faut le rappeler : un changement de régime par les bombes n’a jamais apporté la libération et l’émancipation. Seules les mobilisations populaires pourront mettre un coup d’arrêt à leurs projets de mort. La mobilisation pour un cessez-le-feu à Gaza et l’arrêt du génocide doit intégrer la contestation des guerres impérialistes et du militarisme. Contre les guerres de Trump et Netanyahou, liberté pour les peuples ! Stop au génocide !
William Daunora