Publié le Dimanche 10 novembre 2024 à 09h00.

Colonisation et annexion continue de la Cisjordanie

Alors que la guerre génocidaire se poursuit dans la bande de Gaza et que les crimes d’Israël s’étendent au Liban, la Cisjordanie est aussi le théâtre de violences, annexions et colonisations de terres continues de l’occupation israélienne.

Une opération militaire de l’armée d’occupation israélienne a d’ailleurs eu lieu fin août en Cisjordanie occupée d’une violence massive jamais vue depuis vingt ans. En quelques jours, des quartiers de plusieurs villes ont été pris pour cible, des dizaines de civils ont été assassinés, déplacés et assiégés, tandis que de nombreuses infrastructures civiles ont été détruites. De plus début octobre, un bombardement israélien contre le camp de réfugiés de Tulkarem, au nord de la Cisjordanie occupée, a fait environ 20 morts. Il s’agissait de la frappe israélienne la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2000.

Ces actions meurtrières interviennent après des mois d’escalade de la violence contre les Palestinien·nes par l’armée d’occupation israélienne et les colons en Cisjordanie, qui ont depuis le 7 octobre assassiné plus de 700 personnes et en ont déplacé de force plus de 5 000 à la suite de la démolition de leurs maisons. Plus de 2 000 hectares de terres ont également été déclarées propriété de l’État en accordant aux Juifs israéliens le droit exclusif de les louer depuis le 7 octobre.

Transfert de souveraineté

De plus, le ministre des finances et ministre de la défense Smotrich a transféré de vastes pans de souveraineté sur la Cisjordanie des mains des militaires à celles du gouvernement civil et son ministère dominés par l’extrême droite, donnant les pleins pouvoirs à Israël sur l’acquisition et le développement de nouvelles colonies.

L’objectif principal de la stratégie israélienne en Cisjordanie est son annexion en dépossédant les Palestinien·es et en confisquant leurs terres. Depuis 1967, début de l’occupation israélienne de la Cisjordanie et Jérusalem Est, les forces d’occupation israéliennes ont mis en place le plan Allon, du nom de son concepteur Ygal Allon, un chef militaire et homme politique israélien. Ce plan prévoyait la construction de colonies et de bases militaires, de manière à s’assurer le contrôle stratégique des territoires, sans annexer les zones où la population palestinienne est concentrée (villages, villes, etc.), qui serait contrôlé par une autorité arabe collaborationniste. Initialement, le plan prévoyait de rendre ces zones à la monarchie jordanienne, mais à bien des égards c’est l’Autorité palestinienne qui joue ce rôle depuis les accords d’Oslo. Dans le Plan Allon, la colonisation joue un rôle central. En juillet 1967, la première colonie de peuplement est établie sur le Golan. En septembre 1967, c’est le tour de la Cisjordanie occupée avec Kfar Etzion dans la région d’Hébron, tandis que le processus de judaïsation de Jérusalem annexée débute. Dans les années 1970, le général israélien Dayan encourage l’accélération de la colonisation juive de la Cisjordanie.

Les accords d’Oslo ont permis à bien des égards à Israël de maintenir sa domination totale sur les Palestinien·nes dans les Territoires occupés et de renforcer la colonisation. Le nombre de colons a plus que doublé depuis la signature des accords en 1993. 229 colonies israéliennes sont réparties en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Elles hébergent plus de 700 000 colons, dont plus de 200 000 dans la partie orientale de Jérusalem, aux côtés de quelque 3 millions de Palestinien·nes.

 

Silence des États occidentaux

Face à cette colonisation et annexion continue de la Cisjordanie, les États occidentaux restent relativement passifs, malgré quelques communiqués et sanctions à l’encontre de colons, mais sans prendre aucune mesure contre l’État d’Israël, principal acteur de ces dynamiques.

D’ailleurs, le vote de l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution non contraignante, adoptée par 124 voix, réclamant en septembre la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens dans les « 12 mois » et appelant à des sanctions contre Israël, a été refusée par les États-Unis, tandis que de nombreux pays occidentaux, y compris la Suisse, se sont abstenus.

Cela démontre comme dans la bande de Gaza, la complicité des États occidentaux dans les politiques criminelles et terroristes de l’État d’Israël contre les Palestinien·nes. C’est pourquoi militer pour la solidarité avec la Palestine, c’est aussi lutter contre nos propres classes dirigeantes.