La tentative d’Assassinat d’Yvan Colonna a été le déclencheur d’une réaction populaire très forte. C’est le plus important mouvement populaire depuis 2003, lors du mouvement social sur les retraites. Il s'est déclenché à partir de la situation faite aux prisonniers politique, mais s’est élargi.
Ce mouvement est la conjonction de plusieurs dimensions. Il y a l'accumulation, notamment dans la jeunesse, d'une rancœur contre le déni de l’État français contre la moindre revendication, qu'elle soit culturelle, linguistique, ou sur la situation des prisonniers. Deuxièmement, les indicateurs sociaux sont au plus bas, avec des salaires très faibles, des écarts de richesses qui s'exacerbent, un impact négatif du tourisme sur la population, le chômage des femmes, la spéculation immobilière qui empêchent les Corses de se loger… C’est un combat contre l'exploitation sociale et coloniale.
Une mobilisation de masse
Il y a une grande auto-organisation de la jeunesse et des femmes. Les jeunes femmes montent au carton contre les forces de répression à Bastia. Ce fait nouveau s'inscrit dans le sillage de la construction d'un mouvement féministe depuis plusieurs années.
Le ras-le-bol est énorme. Hier, 1500 personnes se sont réunies devant la préfecture à Ajaccio, 800 à Bastia, 500 à Calvi, ces rassemblements ont débouché sur des affrontements très violents.
C'est un niveau d’affrontement inédit depuis les années 80. La réaction de l'État est de donner le dossier corse à Darmanin, ce qui est interprété comme une véritable provocation. C'est également le cas concernant le retrait du statut de DPS à Yvan Colonna alors qu'il est entre la vie et la mort.
Il y aura une manifestation dimanche prochain à Bastia. La détermination de la jeunesse est immense. Les organisations syndicales et du mouvement social sont contraintes de suivre le mouvement. Les seules issues au conflit sont soit une répression hors-norme, soit une réponse aux revendications du mouvement. Les revendications mises en avant sont le rapatriement des prisonniers, une réponse favorable aux demandes démocratiques de la majorité territoriale, une reconnaissance de la souveraineté du peuple corse. Pour nous il n'y a pas de distinction entre revendications démocratiques et sociales, car ce mouvement est en réalité l’expression de la volonté de la jeunesse de briser toutes ses chaînes.
Face à l’État français
Face à la mobilisation, on voit une répression de grande ampleur, des violences, l'utilisation d'armes qui ont déjà provoqué d'importants dégâts en France comme les flashballs, etc. La nomination du commandant Bertolini, nommé chevalier de la Légion d'honneur, ancien barbouze, montrent une possibilité que se reproduise la terrible répression des années 80. Il y a réellement une possibilité d'une réponse répressive de grande ampleur.
Dans le monde du travail, il commence à y avoir des mouvements sectoriels. Un syndicat d'enseignants a déposé un préavis de grève jusqu'au 31 mars, il y a des appels à rejoindre les mobilisations. L'Union départementale CGT Corse du sud, deuxième syndicat après le Syndicat des travailleurs corses a été à la manifestation d'Ajaccio hier.
Des discussions ont également lieu pour aboutir éventuellement à une action de type Isula morta, une journée de mobilisation qui signifie l’arrêt de la vie économique dans l'île.
Le gouvernement essaie de peser sur les directions réformistes pour freiner la mobilisation, mais les jeunes analysent qu'il y a une faillite de la ligne minimaliste de la majorité de l'assemblée, qu'elle se fait humilier et provoquer, et qu'il faut une lutte de masse pour changer les choses.
Nous revendiquons l'arrêt immédiat de la répression, le rapatriement immédiat des prisonniers politiques, un règlement politique face aux exigences démocratiques du peuple Corse.
A Manca