Mercredi 20 avril, la justice britannique a décidé d’autoriser l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. La justice US veut le juger notamment pour « espionnage », avec des peines pouvant aller jusqu’à 175 ans de prison.
L’acharnement contre Julian Assange est un acharnement contre le journalisme, la liberté d’expression et plus profondément contre le droit démocratique à dénoncer les pratiques criminelles menées au plus haut sommet des États. Nous devons donc le défendre sans ambiguïté.
Guerre contre Wikileaks et les lanceurs d’alerte
Nous ne nous reconnaissons pas dans un grand nombre de déclarations de Julian Assange, qui pour certaines sont clairement réactionnaires, antiféministes, racistes – sans même parler des accusations d’agression sexuelle – et doivent à ce titre être dénoncées. Mais Assange a été arrêté car il a, avec Wikileaks, exposé des images et des documents mettant à nu la violence de l’armée US, et plus généralement celle des puissances impérialistes.
Fondé en 2006, Wikileaks a été à l’origine de très nombreuses révélations de scandales de corruption, d’atteintes aux droits démocratiques, de crimes de guerre. Wikileaks avait reçu pour cela de nombreux prix journalistiques ou émanant d’ONG. Mais depuis avril 2010 et la publication d’une vidéo montrant comment des soldats étatsuniens avaient froidement abattu – et avec des commentaires d’un cynisme inimaginable – des civils irakiens dont des enfants, les États-Unis ont déclenché une véritable guerre contre Wikileaks et les lanceurs d’alertes.
Le combat d’Assange comme celui d’autres lanceurEs d’alerte est un combat pour la transparence de l’information, notamment celle portant sur les actes des gouvernements ou des grandes entreprises. La facilité avec laquelle de nombreux politiciens et même des journalistes ont appelé à l’incarcération d’Assange est révélatrice de l’immensité de l’enjeu de la transparence dans un monde où les gouvernements mentent et font de la rétention d’information pour maintenir leur pouvoir.
Liberté pour Assange !
Le procès d’Assange et la traque contre Wikileaks ne sont donc pas une anecdote mais reflètent la hargne et la détermination des gouvernements à écraser toute personne qui porterait atteinte aux intérêts des capitalistes en brisant le secret de leurs manœuvres et de leurs crimes. Les assassinats de défenseurEs des droits humains et de la nature sont ainsi monnaie courante en Amazonie ainsi que dans de nombreuses régions du globe. Telle est la réalité de la violence capitaliste. Assange, en la portant sur la place publique, a mis à nu la collusion entre les États et les entreprises privées, et l’hypocrisie de la diplomatie. Il a visibilisé la fonction première de tout État capitaliste : gérer les affaires générales de la classe dominante, en politique intérieure comme en politique extérieure. L’emprisonner revient à s’en prendre au journalisme d’investigation indépendant, à la liberté d’expression et à notre droit démocratique à dénoncer les pratiques criminelles menées aux plus hauts sommets des États.
De ce point de vue, il est impératif de défendre Julian Assange face à la répression qu’il subit, à l’instar de celle que subissent d’autres lanceurs d’alerte. Nous exigeons sa libération immédiate et l’abandon de toutes les poursuites dans le cadre des affaires de Wikileaks, et le gouvernement français doit lui offrir le droit d’asile.