Publié le Mercredi 16 novembre 2011 à 22h22.

Crise européenne : arrêtons la folie capitaliste

Les mots manquent pour caractériser l’action des principaux « décideurs », face à une crise européenne qui n’en finit pas de rebondir. Exploiteurs monomaniaques ? Brillants incompétents ? Pompiers pyromanes ? Nantis cyniques ? Ou sinistres crétins ? Beaucoup de tout cela sans doute.Les chefs de gouvernement et de cabinets, ministres, commissaires européens, banquiers privés, dirigeants du FMI, de banques centrales, d’agences de notation ou de multi-nationales se recyclent depuis des années de l’une de ces fonctions à l’autre, tournoient dans le même bal luxueux et morbide, pendant que les peuples se débattent dans la crise sociale, environnementale et démocratique.

Semaine après semaine, l’Union européenne exprime le ratage politique complet qui a présidé à son mode de consolidation libérale, en nous enfonçant toujours plus dans une crise entièrement imputable à la folie de la globalisation financière. Cette crise a amené les États à soutenir massivement les banques et fonds spéculatifs, pour que ceux-ci attaquent ensuite les déficits creusés par leur faute en Europe, s’appuyant sur le fait que les États européens se sont privés de l’essentiel des recettes fiscales basées sur le capital, et surtout de la possibilité de se financer auprès des banques centrales (la BCE ne faisant que reprendre les professions de foi des années 1970 de Giscard ou des dirigeants allemands). Ce même système financier avide et affolé invente que des États pourraient être en faillite en les assimilant de manière absurde à des entreprises – mais ces États, par l’automutilation de leurs fonctions autres que sécuritaires, pourraient réaliser ces prédictions… –, et ce serait les peuples, les « nantis » qui devraient payer ?

L’Union européenne, dirigée en principe par des Van Rompuy (Conseil européen) et Barroso (Commission) devenus inaudibles, est décidément le maillon faible de cette crise. Sa vitrine démocratique se lézarde toujours plus, à l’heure ou les recommandations internationales des financiers se jouent de toute volonté populaire, et inscrivent explicitement la fin des conventions collectives et des principes du droit du travail dans des plans d’austérité « indispensables ». Elle tente en vain de juguler l’effet domino que font subir les marchés à chaque pays européen, en cherchant dans la confusion des financements à la hauteur pour le fameux Fonds européen de stabilisation financière (FESF).

Après le choc d’un G20 où Merkel et Sarkozy ont transformé la Grèce et l’Italie en protectorats économiques, lundi 7 novembre François Fillon en a profité pour présenter en France un nouveau plan de « réduction des dépenses publiques ». Pendant ce temps, la Grèce vilipendée pour le trucage de ses comptes au moment de son adhésion à l’Union européenne, et pour la non-maîtrise de ses dépenses publiques, est sommée de nommer un gouvernement récompensant en fait les responsables de droite et du centre-gauche de cette situation, avec l’extrême droite en prime pour écraser encore plus le peuple grec. Avec, pour le diriger, Loukas Papademos, ancien dirigeant de la Banque centrale européenne (BCE) et avant cela de la Banque centrale grecque… au moment où les comptes ont été maquillés !

En Italie, ce n’est pas le peuple qui a eu la peau de Berlusconi mais le système financier international. Il s’agit de remplacer il Cavaliere désarçonné par Mario Monti, ancien commissaire européen intégriste du néolibéralisme, soutenu de nouveau par la droite et le centre-gauche avec pour mission de mettre en place un plan de super-austérité qu’un Berlusconi affaibli n’arrivait pas à imposer. Ce plan de privatisations et de réduction des budgets sociaux a été dicté, il y a quelques semaines, dans les moindres détails par la BCE présidée maintenant par Mario Draghi, ancien vice-président de Goldmann Sachs et de la Banque d’Italie sous Berlusconi.

En Espagne, le gouvernement « socialiste » s’apprête à laisser le pouvoir à la droite dure, faible de son succès dans la réduction des salaires, retraites et minima sociaux, de son taux de chômage de 22 % et de l’impossibilité de se loger dans un pays longtemps caractérisé par son boom immobilier. Cherchez l’erreur !Tous ces plans d’austérité ne manqueront pas d’être considérés comme insuffisants par « les marchés » alors que ceux-ci se lamenteront dans le même temps que l’Europe s’enfonce dans une récession catastrophique pour les entreprises.

Alors, il est plus que temps que le mouvement ouvrier s’unifie de manière déterminée dans la lutte. Combien de temps les centrales syndicales européennes vont-elles éluder de manière suicidaire la guerre de classes sauvage menée par le capitalisme contre l’ensemble des acquis des travailleurs et des peuples européens ? Les premières grèves générales dans plusieurs pays, les mouvements des « IndignéEs »  montrent la voie. Le 17 novembre, le peuple grec se mobilise de nouveau contre l’écrasement que veut lui faire subir le système financier et un pouvoir politique totalement discrédité. Commençons à nous rassembler autour de lui, son combat est le nôtre.

Jacques Babel