À peine arrivé au Caire lors de sa tournée dans le Moyen-Orient, Valls a conclu l’accord visant à recycler auprès de l’Égypte les deux Mistral qui n’avaient pas été livrés à la Russie. Le tout serait estimé entre 910 et 950 millions d’euros, en grande partie financés par l’Arabie saoudite. Cela vient après l’achat en février 2015 de 24 avions de chasse Rafale ainsi que d’une frégate multi-missions Fremm et de missiles de courte et moyenne portée. « L’Égypte est un partenaire central et indispensable pour traiter les problèmes de terrorisme. (…) la France croit en l’Égypte, en sa stabilité et en son développement, notamment démocratique »... Il n’y a que Valls – halluciné par de mirobolants contrats – pour voir dans la dictature militaire du général Sissi la démocratie en marche ! Et tout ça, nous dit-on, au nom de la « lutte contre le terrorisme ».
Contorsions diplomatiques et mensonges aussi avec l’Arabie saoudite dont personne n’ignore le double jeu à l’égard de Daech. Valls y a été reçu et a participé à un forum d’affaires franco-saoudien avec près de 200 patrons français. Des contrats « conséquents » auraient été conclus notamment pour Airbus Helicopters pour des hélicoptères militaires, avec en perspective l’achat de navires de projection et de commandement de type Mistral, de quatre frégates multimissions Fremm ainsi que d’équipements de renseignement militaire par satellite auprès de Thales. Sans oublier deux réacteurs de type EPR conçus par Areva...
Le Premier ministre, qui cherche à se donner une dimension internationale de futur chef d’État, a bien du mal à parler d’autre chose que de canons et autres engins de mort pour le plus grand profit de Dassault, Thales and Co... Porté par son courage, il aurait, paraît-il, osé demander « un geste de grâce » pour le jeune chiite Ali al-Nimr, condamné à être pendu et crucifié pour avoir osé manifester contre le régime saoudien.
Le « développement démocratique » n’est décidément pas la préoccupation de Valls ou du gouvernement français. Leurs proclamations contre Daech en sont bien loin. Les grandes puissances pratiquent la fuite en avant militariste pour tenter de garder le contrôle sur une région qu’elles ont totalement déstabilisée par les guerres, afin de continuer à faire des affaires pour le profit des multinationales et de l’industrie d’armement.
Yvan Lemaitre