L'exacerbation depuis octobre dernier de la guerre coloniale menée sans fin depuis des décennies illustre encore plus la situation désespérée du peuple palestinien.
Elle démontre les intentions génocidaires et de purification ethnique de l’État israélien au monde entier et son caractère d’apartheid qui n’offre aucun avenir à une population fragmentée, appauvrie et opprimée.
Il n’est pas étonnant que l’accentuation dramatique de cette épuration ethnique redonne de la force au projet national palestinien d’un État séparé de l’État juif. Une aspiration à se trouver loin de ses oppresseurs ! Celle-ci est d’ailleurs reconnue, puisque depuis 2012, l’État de Palestine siège à l’ONU, comme dans certaines institutions internationales (UNESCO, CIJ, CPI).
Un État palestinien sans continuité territoriale
Les accords d’Oslo en 1993 représentaient la première marche pour une solution à deux États, avec un État palestinien dans les frontières de 1967, soit la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Cette solution est la préférée des organisations de gauche traditionnelles comme le PS et le PCF, en respect du « droit international ». Elle a aussi la faveur des sionistes de gauche qui y voient la préservation d’un État juif. Selon les sondages effectués en Palestine, cette solution arrive en tête des aspirations des personnes interrogées : presque 54 % des PalestinienNEs voudraient un État palestinien contre toute autre solution. Si le nombre de personnes favorables a pu varier depuis les accords d’Oslo, c’est que bien souvent le soutien à une solution dépend de la perception de sa faisabilité.
Les frontières de 1967 donnent 22 % de la Palestine historique aux PalestinienNEs pour une population aujourd’hui presque dix fois supérieure à celle de 1948. Comme dans le plan de partage de 1947, Gaza demeure isolée du reste de la Cisjordanie. Le territoire de l’État palestinien est donc morcelé. Les accords d’Oslo ont encouragé le morcellement de la Cisjordanie, où 144 colonies sont présentes, avec 500 000 colons résidents. Le réseau routier favorise les colonies juives et oblige les PalestinienNEs à des détours pour naviguer d’une ville à l’autre et traverser des zones sous contrôle israélien. Le même phénomène de grignotage se déroule à Jérusalem et à Hébron, deux lieux importants pour toutes les communautés. Il n’y a pas de continuité territoriale ni entre ni au sein des territoires palestiniens, la situation aujourd’hui est celle du contrôle israélien sur tout le territoire de la Palestine historique.
Droit au retour
Outre les problèmes de continuité territoriale, un État dans les frontières de 1967 ne pourrait accueillir les nombreux réfugiéEs expulsés en 1948 et en 1967, si le droit au retour était appliqué. Ils sont plusieurs millions, pour beaucoup encore dans des camps de réfugiéEs au Liban et en Jordanie. Leur droit au retour effectif — d’ailleurs ignoré dans les accords d’Oslo — est donc de fait fortement compromis par une solution à deux États. Enfin, même s’il rassure le projet sioniste, une large partie de la classe dirigeante israélienne ne souhaite pas la création d’un État palestinien viable même sous les conditions actuelles. L’expression « De la mer au Jourdain » est dans la charte du Likoud et définit sans ambiguïté un projet politique dans lequel les PalestinienNEs disparaissent d’une manière ou d’une autre.
Depuis 1993, les PalestinienNEs ont eu l’illusion d’avoir un État. Les accords d’Oslo ont entériné une fausse symétrie qui a permis de proposer une solution à deux États. Celle-ci a permis de proposer une solution à deux États dont les aspects pratiques et concrets montrent qu’ils sont inatteignables sans une modification drastique du rapport de forces. En l’état, sans jeu de mots, il s’agit surtout d’une illusion.