Publié le Jeudi 30 juin 2011 à 19h21.

Échec et manœuvres de l’impérialisme

Obama a annoncé la semaine dernière le retrait d’Afghanistan de près de 33 000 soldats d’ici à septembre 2012, soit l’équivalent des renforts envoyés en décembre 2009. Mais il laisse à ses généraux le soin de décider le nombre de soldats qui rentreront et si des troupes de combat seront ou non concernées. Autant dire que l’on est loin d’un retrait des troupes d’occupation.

Cette décision est cependant l’aveu d’un double échec : l’incapacité des USA et de leurs alliés à venir à bout de l’insurrection, leur incapacité aussi à trouver un règlement politique qui leur permette de maintenir leur contrôle sur le pays.

Par ailleurs, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a confirmé que les USA avaient entamé des négociations avec les talibans pour, dixit, « favoriser le processus de réconciliation ». Face à leur échec, les USA négocient avec ceux-là même qu’ils prétendaient combattre. Obama confronté à une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre, ils cherchent une porte de sortie dans un hypothétique accord avec les forces les plus réactionnaires.

Il faut dire que le régime actuel de Karzaï qu’il défend ne vaut guère mieux que les talibans chassés du pouvoir il y a dix ans par l’armée américaine. Il n’est pas plus respectueux des droits des femmes et des hommes. Ce régime s’enfonce dans une crise politique permanente. Sa légitimité est de plus en plus contestée et les USA n’ont pas de meilleur choix que de chercher d’autres appuis pour essayer de stabiliser une situation qui leur échappe. L’Élysée a aussitôt annoncé un « retrait progressif » des soldats français alors qu’au Salon du Bourget, Sarkozy s’était vanté que « les crédits consacrés aux équipements militaires ont atteint des niveaux jamais égalés depuis vingt ans, malgré la crise ». Pour ajouter : « Les engagements militaires auxquels nous sommes confrontés en Libye et en Afghanistan montrent qu’il s’agit d’une priorité absolue. »

Face à un rejet croissant de ces sales guerres qui engloutissent des milliards, les dirigeants impérialistes manœuvrent pour masquer l’impasse de leur politique militariste et criminelle sans pour autant abdiquer. Le retrait des troupes d’occupation en Afghanistan comme l’arrêt de l’intervention en Libye, il faudra les leur imposer.

Yvan Lemaitre