Le 2 novembre, à l’occasion du sommet annuel entre la France et l’Angleterre, Nicolas Sarkozy et David Cameron ont signé un accord de coopération militaire. La crise et les déficits budgétaires obligent les vieux impérialismes à s’associer pour tenter de préserver leur place. Le monde impérialiste n’est plus ce qu’il était, les vieilles puissances ne sont plus que des puissances de seconde zone. Elles n’ont d’autre choix que de tenter de sauvegarder une place à l’ombre des USA et, même pour cela, de s’associer. La grandeur et l’indépendance nationale, les rivalités chauvines, cette comédie faite pour tromper le bon peuple crédule, composent fort bien avec les contraintes financières. L’essentiel est de défendre au mieux les privilèges des castes militaires et, d’abord et avant tout, les profits de l’industrie d’armement. Londres et Paris prévoient de développer la coopération entre leurs forces armées, leur déploiement conjoint, le partage et la mutualisation de matériels et d’équipements, des procédures d’acquisition en concertation, la construction d’installations communes, l’accès mutuel des deux pays à leur marché de défense, la coopération industrielle et technologique... D’ici fin 2011, un accord sera signé avec Airbus pour la production d’avions de transport militaire A400M, avions de soutien aux deux flottes. Ce « plan de soutien commun permettra de réduire les coûts, d’améliorer la disponibilité des avions et d’ouvrir la voie à une coopération renforcée en matière de maintenance, de logistique et de formation », et de coopérer pour… financer Airbus.
Dans le même ordre de préoccupation, les deux États financeront ensemble le développement en commun d’équipements pour les futures générations de sous-marins nucléaires, sous-marins lance-missiles et sous-marins d’attaque. D’ici 2020, la marine française et la Royal Navy disposeront de deux porte-avions à catapulte, un français et un britannique. En juin prochain, deux brigades de 6 500 hommes chacune, française et britannique réaliseront dans l’est de la France un entraînement commun, l’opération « Flandres ». « Il s’agit de préparer l’après-Afghanistan, dixit l’état-major français. Aujourd’hui, les Français sont au nord et les Britanniques au sud. Lors du prochain conflit similaire, nous serons l’un à côté de l’autre ». En un mot, préserver les moyens d’intervention des deux impérialismes pour participer au maintien de leur ordre mondial à moindre coût ! Et bien sûr, le complément de cette politique pour maintenir leur domination : l’incontournable lutte contre le terrorisme, la coopération pour la détection précoce des activités terroristes, le partage d’informations, la prévention des menaces terroristes nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques, la sûreté de l’aviation commerciale… En clair, un accord de brigands pour défendre leurs intérêts et privilèges contre les travailleurs et les peuples.Yvan Lemaitre