Avec la crise du capitalisme, les agressions militaires et les attaques impérialistes se multiplient que ce soit en Palestine, en Ukraine, en Kanaky... En effet, les puissances capitalistes cherchent à maintenir à tout prix leur zone d’influence politique, économique et militaire. La violence et la guerre deviennent des outils indispensables pour conserver leur emprise sur les territoires et les peuples.
Les grandes puissances impérialistes préparent leur population à la guerre. Ces États mènent une propagande millimétrée pour renforcer la militarisation de la société. Le chef d’état-major des armées a par exemple déclaré1 que la France doit être « prête à accepter de perdre ses enfants ». Le gouvernement allemand a également introduit un service militaire volontaire pour tous les hommes majeurs à partir de 2026. Cette militarisation vise avant tout les jeunes.
SNU, Service militaire : chronique d’une mise au pas de la jeunesse
Pour leurs guerres, les capitalistes ont besoin des jeunes. D’importants moyens sont ainsi mobilisés pour discipliner la jeunesse et la préparer à servir dans l’armée.
Le Service national universel (SNU) en était l’illustration même. Outil de mise au pas de la jeunesse. C’est un service militaire déguisé en « engagement patriotique » des jeunes. Chant de la Marseillaise, levée de drapeau, et bénévolat, les jeunes sont appelé·es à « s’engager » pour défendre leur pays, leur patrie, leur armée. Cependant, le SNU s’est vite traduit par un échec. Le nombre de participant·es a toujours été inférieur au nombre de places. Il s’agit d’une nouvelle preuve que la jeunesse a d’autres aspirations d’émancipation et refuse de servir l’armée de son pays.
L’Éducation nationale vient de publier un rapport2 dont le but affiché est « d’accompagner les acteurs de terrain dans la mise en œuvre d’actions permettant aux élèves de découvrir les enjeux de défense et de sécurité globales, ainsi que la diversité des métiers et des parcours associés ». Pour ce faire, l’Éducation nationale va proposer aux élèves de 3e un stage de 5 jours dans l’armée, complété en classe de Seconde générale et technologique par un stage de 10 jours. Bien sûr, les jeunes de lycée professionnel sont en première ligne : de 12 à 20 semaines par période d’un mois à chaque fois.
Le gouvernement veut maintenant aller plus loin. Macron souhaite le retour du service militaire pour le moment sous forme de « volontariat ». Le projet de Macron est clair : Mettre au pas la jeunesse pour servir ses intérêts impérialistes. Comme le SNU, ce service militaire a pour objectif d’inculquer l’obéissance aux ordres de l’État. Ce service militaire doit également augmenter les effectifs de l’armée, en augmentant le nombre de réservistes.
Une jeunesse précarisée poussée vers l’armée
En parallèle, la jeunesse est de plus en plus précarisée et sélectionnée sur ses lieux d’études : Parcoursup, Mon master, logement insalubre, privatisation de l’enseignement supérieur et fermeture de masters. Ce phénomène de sélection s’abat principalement sur les enfants des classes populaires. Pour eux, obtenir une place dans l’enseignement supérieur devient de plus en plus difficile. L’austérité budgétaire imposée aux universités renforce le plan du gouvernement d’éloigner les jeunes de l’enseignement.
La seule alternative donnée par le gouvernement est le service militaire, assortie d’une indemnité, bien inférieure au SMIC. Ce service militaire sera bien loin d’être volontaire mais imposé aux jeunes des classes populaires.
Nos universités tissent également des liens de plus en plus étroits avec les services des armées. Les universités proposent des aménagements aux étudiants voulant s’investir dans l’armée. Celle-ci est invitée régulièrement dans les forums des métiers au sein de nos établissements. Les universités donnent librement l’opportunité aux militaires de faire la promotion de l’engagement auprès de l’armée. En outre, les entreprises d’armement investissent largement les formations universitaires. C’est le cas de l’entreprise Thales qui finance l’Institut national de sciences appliquées (INSA) de Lyon, de Toulouse ou de Rennes. L’objectif des entreprises c’est de former les futurs ingénieurs de l’industrie de l’armement. En effet, ces entreprises du complexe militaro-industriel obtiennent des sièges dans les conseils d’administration des établissements. Par ce moyen, elles peuvent intervenir directement dans le choix des formations des étudiant·es afin de les aligner sur leurs propres intérêts.
Des laboratoires de recherches sont également financés par Safran. L’objet de certains programmes de recherche sont orientés par ces groupes privés. Les laboratoires sont donc incités à travailler sur des thématiques stratégiques pour les entreprises du complexe militaro-industriel.
L’État donne ce rôle aux universités et aux organismes de recherche de servir les intérêts de l’impérialisme français.
Erasmus, mais dans les casernes
La France ne fait pas figure d’exception en Europe. Au Danemark, depuis juillet 2025, le service militaire a été élargi aux jeunes femmes. Après avoir introduit le service militaire volontaire, le Ministère de l’Armée allemand envisage même un service obligatoire s’il y a un manque de recrues trop important. En Croatie, la conscription a été rétablie depuis le 1er janvier 2025.
Toutes ces annonces vont dans la même direction : la militarisation de l’Europe. Partout, les budgets consacrés à la défense augmentent. Conformément aux directives de l’OTAN, les chefs d’États cherchent à accroître leurs moyens militaires matériels et humains. Alors que l’austérité devient la règle dans les services publics, le gouvernement français souhaite augmenter les dépenses militaires à 64 milliards d’euros en 2027, le double du budget de 2017. Ce budget entre dans la lignée du plan de la commission européenne appelé Rearm Europe (Réarmer l’Europe). Partout en Europe, les besoins sociaux et écologiques sont mis de côté au profit d’un réarmement massif.
Cette militarisation conduit à l’accroissement du pouvoir conféré au complexe militaro-industriel. Avec l’augmentation de leur production et de leur budget, les industries militaires deviennent des acteurs incontournables dans notre système économique capitaliste.
Face à la crise économique, les puissances occidentales cherchent à maintenir leurs zones d’influence partout où ils le peuvent. Les justifications invoquées par les chefs d’États impérialistes sont bien peu convaincantes. Leur véritable objectif est le maintien de leur emprise coloniale sur un large ensemble de territoires, quitte à entraîner la guerre. La déclaration de Donald Trump et sa menace d’intervention militaire contre le Venezuela, riche en pétrole en sont un bon exemple.
Des offensives dirigées contre la jeunesse par les États impérialistes
La jeunesse et ces moyens d’émancipation sont aussi attaquées de manière frontale par les puissances impérialistes.
En Palestine, les universités et les écoles ont été parmi les premières infrastructures détruites par l’armée sioniste. Israël a tout fait pour empêcher les jeunes palestinien·nes d’étudier. Il refuse la grande majorité des demandes d’évacuation des étudiant·es gazaoui·es. En attaquant les jeunes, leur capacité de formation, l’État israélien cherchait à anéantir la population palestinienne.
En Ukraine, la Russie vise délibérément les universités ukrainiennes et les résidences étudiantes. C’est une volonté de faire taire la jeunesse ukrainienne, de la faire fuir si on ne peut pas la tuer.
En Kanaky, les jeunes kanak font face à des conditions de vie précaires et un système raciste. L’État colonial français réduit toutes leurs perspectives d’émancipation. Lorsqu’ils se révoltent contre ce système raciste, les jeunes kanak sont violemment réprimés.
Ces exemples démontrent que la jeunesse est la première visée par les puissances impérialistes. Pour assurer leur plan de conquête, les dirigeants cherchent à briser tout espoir des jeunes. Ils souhaitent empêcher tout mouvement de la jeunesse qui serait susceptible de bousculer l’ordre capitaliste et colonial.
Agir contre la guerre et leurs intérêts impérialistes
Face à ces politiques guerrières et impérialistes, il est plus que vital de construire des mobilisations anti-militaristes et anti-impérialistes. Nous nous opposons à la guerre, précipitée par les grandes puissances impérialistes.
Il est également crucial de replacer notre anti-impérialisme autour de la défense de l’auto-détermination des peuples. Notre anti-impérialisme se manifeste par un soutien politique et matériel aux mouvements de libération des peuples ukrainien, palestinien, kurde ou encore kanak. Cette solidarité doit s’exprimer de manière forte dans les mouvements de jeunesse parce que ce sont en premier lieu les jeunes qui résistent aux puissances impérialistes. Nous soutenons donc les résistances des jeunes, armées ou non armées, face aux agressions coloniales et impérialistes.
Ces dernières années, le mouvement étudiant a démontré qu’il pouvait être le fer de lance des mobilisations anti-impérialistes. Malgré la répression, partout dans le monde, les étudiant·es se sont mobilisé·es contre le génocide à Gaza et la complicité de nos États occidentaux. En Allemagne, contre la conscription, des dizaines de milliers de jeunes ont manifesté le 5 décembre. Dans près d’une centaine de villes, les jeunes ont entamé « une grève scolaire contre le service militaire ». Leur principale revendication était simple : pouvoir étudier sans être enrôlé dans l’armée.
Cette mobilisation est inédite et elle doit nous inspirer. Dans les lycées et les universités, nous devons maintenant impulser des mobilisations contre ces dynamiques guerrières. Les organisations de jeunesse ont pour rôle d’encourager les actions contre ce retour déguisé du service militaire tout en demandant un investissement massif dans l’éducation et l’enseignement supérieur.