Le double assassinat des deux journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon qui effectuaient leur mission d’information dans la région de Kidal au Mali suscite, à juste titre, une très grande émotion que nous partageons. Ce double assassinat nous révolte.Il nous révolte d’abord parce qu’aucun professionnel ne devrait mourir dans l’exercice de son métier et que personne ne peut porter atteinte au droit à l’information. Nous tenons à affirmer notre solidarité avec les journalistes dont le travail permet de faire vivre la liberté de la presse.Mais il nous révolte aussi parce que ces derniers morts s’ajoutent à la liste déjà longue des victimes tombées depuis le début de l’intervention militaire de la France. Justifiée par le Président de la République soi-disant pour protéger Bamako de l’invasion de groupes djihadistes venus du Nord, et annoncée, comme toutes les guerres néo-coloniales, comme une guerre éclair, cette intervention tourne au désastre. Les attentats et les attaques se multiplient au Nord-Mali, et la situation empire.Aujourd’hui encore, la présence militaire française, de soldats et de techniciens du renseignement, n’empêche en rien la réorganisation des réseaux armés islamiques et ne protège pas les populations otages des différents conflits armés. Au contraire, le harcèlement de soldats dans les camps où se trouvent majoritairement des femmes et des enfants ajoute la peur et l’humiliation à un quotidien déjà très précaire.Dans cette situation, François Hollande craint avant tout l’enlisement et multiplie les messages contradictoires : un jour, il décide l’envoi supplémentaire de troupes et le report du retrait partiel de l’armée, et le lendemain, il fait machine arrière... Sa seule préoccupation semble être de maintenir une sorte de protectorat français sur le Mali sans en payer le coût politique. Pourtant la guerre s’annonce longue !La seule bonne décision politique est le retrait total et immédiat de l’armée française du territoire malien.
Roseline Vachetta