Publié le Samedi 26 novembre 2011 à 11h20.

Égypte : le pouvoir militaire assassine !

Depuis le 18 novembre, plusieurs dizaines de manifestants ont été tués et des centaines d'autres ont été blessés. Menacée de perdre une partie de ses privilèges, la caste militaire se déchaîne. Depuis 1952, l’armée a régné en maître sur l’Égypte et a réussi à contrôler environ le quart de l’activité économique. En janvier et février 2011, ses responsables ont très intelligemment refusé d’entrer dans la spirale de la répression. Ils ont préféré destituer Moubarak et tenté de faire oublier le rôle qu’ils avaient joué pendant des dizaines d’années. Le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) s’est alors présenté comme le garant d’une transition vers un « pouvoir civil élu ».

Quel que soit le résultat des élections qui doivent commencer le 28 novembre, les généraux veulent continuer à concentrer entre leurs mains l’essentiel du pouvoir : désigner 80 % des membres de la Constituante, garder secret le budget de l’armée, inscrire dans la Constitution l’indépendance de l’armée vis-à-vis du pouvoir et de la justice civile, etc.

Pas étonnant, dans ces conditions, que celles et ceux qui avaient fait dégager Moubarak envahissent à nouveau les places et les rues.

La violence de la réaction du pouvoir militaire s’explique également par la multiplication des conflits sociaux. Ces messieurs n’ont pas oublié que c’est la conjugaison des manifestations de rue et des grèves qui ont fait tomber Moubarak. D’où leur tentative de frapper un grand coup dès maintenant.

À signaler que les Frères musulmans avaient, au début, participé au redémarrage des manifestations place Tahrir. Ils voulaient ainsi accélérer le transfert du pouvoir des militaires aux civils, qui ne pouvait que leur être favorable. Ils s’inquiètent aujourd’hui de la menace d’annuler ou reporter les élections. Ils appellent donc à arrêter les mobilisations.

La Coalition socialiste, qui regroupe l’essentiel des forces de gauche et d’extrême gauche, appelle, par contre, ses candidats à suspendre leur campagne électorale pour se joindre aux mobilisations populaires. La centrale syndicale indépendante, fondée en janvier dernier, appelle les travailleurs à participer pleinement aux mobilisations. Dans de nombreux pays du monde, des initiatives de solidarité sont en cours.

Commission Maghreb du NPA