Les attaques brutales et insensées au couteau contre des enfants et une employée de crèche ont choqué les habitants de Dublin. Notre solidarité va à la petite fille de 5 ans qui se trouve dans un état critique à l’hôpital de Temple Street. Il convient également d’apporter tout notre soutien à la communauté de Gaelscoil Choláiste Mhuire qui sera profondément traumatisée par ce qu’elle a vu.
Il convient de remercier tout particulièrement Caio Benicio, un chauffeur brésilien de Deliveroo qui s’est attaqué à l’assaillant avec son casque et a risqué sa vie dans l’espoir de sauver d’autres personnes.
Au lendemain de l’attaque, des éléments de l’extrême droite ont fait de cet horrible incident une occasion de s’en prendre aux migrantEs. Pourtant, la nationalité de l’auteur n’a rien à voir avec l’incident. En 2017, par exemple, un directeur d’école d’origine irlandaise, Alan Hawe, a tué sa femme et sa famille alors qu’il était confronté à une rupture conjugale imminente. Naturellement, l’extrême droite n’a rien eu à dire sur ce meurtre.
Présence de l’extrême droite sur le web
Selon une déclaration de la police, l’auteur est un citoyen irlandais. Dans l’Irlande multiculturelle d’aujourd’hui, il n’est pas anodin que la personne qui s’est portée au secours des enfants soit un chauffeur brésilien de Deliveroo – ceux-là mêmes contre lesquels l’extrême droite a attisé la haine.
La mobilisation de l’extrême droite a eu deux origines. Tout d’abord, le site web anti-avortement Gript a publié un titre affirmant que l’auteur de l’attentat était un « ressortissant algérien ». Le même site web signale rarement que l’auteur d’autres crimes est un « ressortissant irlandais ». Deuxièmement, des éléments de l’extrême droite qui ont développé une présence sur les médias sociaux ont appelé leurs partisans à se rassembler dans le centre-ville à 19 heures. Gavin Pepper, un agitateur d’extrême droite, a depuis supprimé un tweet appelant à « Tout le monde au centre-ville ce soir à 19 heures, pas d’excuses, tout le monde dehors, assez c’est assez spire #Irelandisfull ».
Leur slogan « Get them Out » est une attaque contre tous les migrantEs. Il envoie un message selon lequel les « Irlandais de naissance » devraient avoir plus de droits et être traités différemment du cinquième de la main-d’œuvre immigrée qui fait tourner les hôpitaux, les hôtels et les take-aways. C’est un message raciste qui vise à diviser.
Aujourd’hui, les grands médias se disent choqués par cette émeute d’extrême droite. Ils appellent même à la modération face aux extrêmes de « l’extrême droite » et de « l’extrême gauche ». C’est se méprendre fondamentalement sur ce qui se passe dans la société irlandaise.
Stratégie de l’establishment en faveur de l’extrême droite
La vérité est que l’extrême droite a été traitée avec des gants par l’establishment et les médias irlandais. Ils ont été autorisés à intimider le personnel des bibliothèques et à bloquer les aéroports alors même que les Gardaí se tenaient à l’écart. Tout cela au nom d’une « police intelligente ». Derrière cela se cache une stratégie politique de la part d’éléments de l’establishment irlandais qui craint la perspective d’un développement de la gauche. Ils préfèrent de loin utiliser le sentiment raciste pour contrecarrer toute avancée de la gauche.
Loin de toute équivalence, ce sont des organisations comme People Before Profit qui ont mis en garde contre le poison de l’extrême droite et l’ont affronté.
Dès que les émeutes ont débouché sur des pillages et des attaques de véhicules de police, les journalistes de Gript ont exprimé leur horreur. Leur réaction rappelle la façon dont Ian Paisley avait l’habitude d’attiser la haine contre les Républicains, puis de se laver les mains de toute association avec la violence.
La vérité est que les idées d’extrême droite ont trouvé une audience dans certains quartiers du centre nord de Dublin, où se concentrent la plupart des inégalités de la société irlandaise. À côté des immeubles de bureaux rutilants de l’IFSC se trouvent des communautés ouvrières où la pauvreté et l’emploi précaire sont visibles. Tragiquement, les organisations traditionnelles telles que les syndicats sont largement absentes parce qu’elles ont refusé de se battre pour les droits des travailleurs. La police s’en prend aussi régulièrement aux jeunes de la classe ouvrière tout en ignorant les crimes de l’élite financière qui se trouve à deux pas de là.
Avant ces récentes émeutes, l’extrême droite a été repoussée par des dizaines de milliers de personnes qui se sont jointes aux marches de solidarité avec la Palestine. Nous devons continuer à la faire reculer.
Appel des syndicats à se rassembler
Le Congrès irlandais des syndicats (ICTU) a appelé à un rassemblement le lundi 27 novembre à 13 heures au GPO, O’Connell St. Il s’agit d’une réponse bienvenue et nous invitons tout le monde à y participer pour montrer que la grande majorité du pays n’a pas de temps à perdre avec les fascistes et l’extrême-droite et qu’elle leur tiendra tête. Nous encourageons tous les travailleurs du centre-ville à sortir et à se joindre à la manifestation.
Au-delà de cela, nous devons reconstruire une gauche combative qui tourne la colère vers les vrais coupables de la domination de classe - les banquiers, les fonds vautours et les capitalistes qui nous pressurent tout en encourageant la peur et la division.
Et nous devons nous opposer fermement à cette division lorsqu’elle cherche à exploiter le type de tragédie insensée dont nous avons été témoins hier pour servir ses propres fins. Aujourd’hui, nous réitérons notre solidarité aux familles et à l’ensemble de la communauté du Gaelscoil Choláiste Mhuire.
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