Depuis quelques jours, les réseaux sociaux se remplissent de messages dénonçant les actes impunis de barmans de cafés prisés du Cimetière d’Ixelles [quartiers sud de Bruxelles]. Plusieurs témoignages parlent de drogues déposées dans les verres à l’insu de clientes, se terminant bien souvent par des agressions sexuelles. Au moins 17 plaintes ont été déposées ces dernières années.
Face à cette injustice et recevant de plus en plus de témoignages, quelques étudiantes ont décidé d’organiser une marche féministe. En moins de 48 heures, l’appel a rassemblé près de 1 300 manifestantEs au départ du Cimetière d’Ixelles jusqu’à la maison communale. Un des objectifs des organisatrices étant de mettre la pression sur les responsables politiques locaux.
Au cœur de cette foule, plusieurs slogans ont retenti pour soutenir les victimes et s’insurger face à l’inaction de la police et de la justice. « Mon corps, mon choix, et ferme ta gueule », « Police et violeurs partout, justice nulle part », « Agresseur on te voit, victime on te croit », « Nous sommes fortes, nous somme fières, féministes radicales et en colère »…
Importance de l’autodéfense collective
La forte participation et la détermination des participantes ont poussé les bars à fermer leurs portes le soir même et le bourgmestre écolo à se prononcer. Ce type d’action est essentiel pour la responsabilisation de toutes et tous face aux violences machistes systémiques mais aussi pour prendre conscience de nos forces et faire l’expérience de la solidarité. Plusieurs membres de Féminisme Yeah ! et de la Gauche anticapitaliste étaient présentes car nous sommes convaincuEs de l’importance de l’autodéfense collective par les personnes opprimées, dans la rue !
La colère est d’autant plus forte qu’on sait que les violences sexistes pourraient être évitées, qu’autant de victimes sur tant d’années n’est possible que grâce à un climat d’indifférence, de complaisance, voire même de complicité. La culture du viol est une expression qui ne vise pas uniquement les auteurs directs d’agressions mais aussi les témoins silencieux, les amiEs qui trouvent ça drôle ou pas si grave, bref tout ce qui banalise les violences sexistes. Droguer, saouler, harceler, menacer une femme pour porter atteinte à son intégrité sexuelle, psychique et corporelle, permet avant tout aux hommes d’assoir leur pouvoir. Il suffit que l’une d’entre nous soit agressée pour que nous en ayons toutes peur, on se passe alors le mot : « Évite ce bar ! », « Attention à ce gars ! »…
Dans ce contexte, nous pouvons comprendre pourquoi les appels à « la fin de l’impunité » sont si nombreux. Parce que les violences faites aux femmes et aux personnes LBTQIA+, nous donnent parfois l’impression de vivre dans un monde parallèle à celui des hommes cisgenres. Mais l’appel à la fin de l’impunité n’est pas sans danger. Demander davantage de punitions et de répressions policières, est une impasse. La répression n’empêche pas les violences d’avoir lieu, elle permet plutôt aux inégalités de se renforcer. Pour prévenir les agressions, il faut combattre l’indifférence sociale, favoriser la responsabilisation de toutes et tous et soutenir notre autodéfense féministe collective. Face à un problème qui touche l’ensemble de la société, ni complices ni police, mais lutte féministe !