Publié le Mercredi 16 juin 2021 à 11h40.

En Israël, un gouvernement de circonstance qui ne va nulle part

La nouvelle coalition israélienne a mis fin au long mandat de Benjamin Netanyahou, qui, après 12 longues années, est enfin un ancien Premier ministre.

Il a été particulièrement amusant de voir Netanyahou se la jouer Donald Trump : des allégations de fraude électorale organisée par une conspiration de terroristes de gauche, des messages subliminaux envoyés à sa base et un discours d’adieu final, furieux et paranoïaque, liant l’holocauste juif à la politique étatsunienne vis-à-vis de l’Iran.

Mais c’est le seul point positif de la mise en place d’une nouvelle coalition qui sera initialement dirigée par Naftali Bennett, un homme qui se vante de « tuer des Arabes », veut annexer de larges pans de la Cisjordanie et ne soutient ni la souveraineté des Palestiniens ni l’égalité des droits.

« Je m’oppose fermement à ce que l’on donne ne serait-ce qu’un pouce de terre aux Arabes », a ainsi déclaré Bennett en 2020.

Bennett est l’un des membres d’une coalition peu structurée qui va de la Liste arabe unie et du Meretz à Yesh Atid de Yair Lapid, en passant par Yisrael Beitenu d’Avigdor Liberman. Il s’agit d’un groupe de huit partis qui détient une majorité d’un seul siège au parlement israélien, qui a été confirmé par 60-59 voix et une abstention au Parlement israélien dimanche [13 juin]. C’est une constellation de partis qui ne sont d’accord que sur une seule chose, évincer Netanyahou. Et il est presque certain qu’elle tombera au premier ou au deuxième obstacle important.

Peu de changements à prévoir

Bien qu’il y ait un nouveau Premier ministre, le ministre de la Défense reste le même – Benny Gantz, qui n’espère plus être Premier ministre : l’armée israélienne agira avec la brutalité qu’elle a toujours eue.

Reste à savoir si la Liste arabe unie peut rester dans une coalition qui tue des enfants à Gaza.

Mansour Abbas – le premier chef d’un parti représentant la minorité palestinienne à faire partie d’un gouvernement israélien – sera-t-il capable d’empêcher cela ? Non.

Donc, en ce qui concerne la politique relative aux Palestiniens en territoire occupé, il n’y aura pas de changement significatif.

Il n’y aura pas non plus de changement dans la politique internationale, à en juger par les nombreuses déclarations de bienvenue provenant du monde entier. Le soulagement est audible dans certaines de ces déclarations. C’est presque comme si Netanyahou avait mis dans l’embarras tous ces politiciens occidentaux bien élevés, non seulement en ne tenant pas compte des quelques protestations et de l’agitation des Européens et des USA, mais en leur donnant à plusieurs reprises des leçons de « bon comportement ».

Un gouvernement de circonstance

Les politiciens internationaux se sentent peut-être plus à l’aise avec Bennett, mais il n’offre aucun espoir aux Palestiniens, où qu’ils soient. Si les tentatives visant à garantir un budget plus important pour la population palestinienne d’Israël sont certainement les bienvenues, aucune proposition similaire n’a été faite pour réformer un système juridique discriminatoire qui est à l’origine du mécontentement des Palestiniens à l’intérieur du pays.

Concernant les territoires occupés, Bennett est aussi dur, sinon plus, que Netanyahou, et il a été un fervent défenseur de l’annexion unilatérale de pans entiers de terres en Cisjordanie. Il est bien sûr limité par une coalition qui devra presque certainement éviter toute décision difficile sur la question palestinienne si elle veut survivre.

Mais cela va dans les deux sens, et à ces politiciens et « experts du Moyen-Orient » qui pensent que le moment est venu de relancer une sorte de processus de paix sans issue, la réponse est clairement : cela n’arrivera pas.

Tant que les pays occidentaux continueront de laisser faire Israël, le protégeant des sanctions et de toute autre conséquence de son oppression de la population autochtone du pays, aucun gouvernement israélien ne fera de progrès significatif où que ce soit. Et certainement pas celui-ci, qui n’est qu’un gouvernement de circonstance et un pis-aller.

Traduction J.S.

Version intégrale (en anglais) sur electronicintifada.net