En Martinique, la journée du 28 mai a été consacrée à une grande mobilisation contre le non-lieu, pour la justice, pour les réparations dans l’abominable dossier du chlordécone. Tout s’est déroulé au Lamentin, la deuxième ville du pays, très impactée par le chlordécone et riche en patrimoine de lutte des ouvriers agricoles.
En 1961, une grève du secteur agricole avait fait trois victimes sauvagement assassinées en marge de la grève. Le choix de ce lieu, fait au consensus par le Collectif d’environ 50 organisations qui appelaient, a probablement desservi quant à l’affluence mais a permis sur les quatre kilomètres du parcours dans la ville, de faire résonner la colère ressentie devant le risque de non-lieu…
La détermination militante est réelle
1 000 manifestantEs selon la police, probablement le double surtout si l’on considère toute cette longue journée de lutte commencée au pied de la statue du Neg Mawon et achevée vers 22 heures avec le concert des artistes engagés sur le stade Georges-Gratiant (du nom de l’ancien maire communiste de la ville). Entre la manifestation du matin et le concert du soir, des exposés (témoignages poignants de victimes, exposés de médecin, d’écologistes, d’avocats, un bref débat, des stands, un film et le vote d’une motion par acclamation, ont occupé les plus assiduEs.
Cette journée est tout, sauf un baroud d’honneur. La détermination militante est réelle. La résolution finale appelle à des « actions résolues » avant la fin juin.
L’adoption en France d’un communiqué de l’Union syndicale Solidaires, de la Confédération paysanne, de la CGT, de la FSU, de Copernic et Attac suite à une demande d’audience de ces organisations aux ministres de la Justice et de l’Outre-mer, apparaît comme une promesse de réaliser d’autres actions de solidarité dont ce combat a besoin.
Le combat n’est pas fini
D’ores et déjà, il peut s’enorgueillir du large éventail de forces représentées, de la participation d’élus martiniquais. On a vu défiler le député Nilor, les conseillers territoriaux Carole, Marie-Sainte, les maires Couturier, Laguerre, Nadeau, Pamphile, Tavernier et bien entendu le maire du Lamentin Zobda, fortement impliqué dans la préparation du 28 et dans des actions antérieures. Nous adressons nos excuses si nous n’avons pas repéré tout le monde…
L’originalité inédite de cette mobilisation, c’est d’ailleurs de mettre côte à côte des éluEs qui sont en pleine compétition pour les élections législatives. Comme quoi, le mouvement social, quand lui-même s’unit, a la capacité de rendre toute abstention suspecte.
Il reste que le combat n’est pas fini, et que le pouvoir aurait tort de ne pas prendre la mesure de la situation et de ce que cela lui coûtera.
Que toutes les forces humanistes et progressistes se hissent au niveau d’action que la gravité du problème exige ! C’est une question de dignité.