Différentes délégations du Collectif de la Grève féministe de Suisse se sont retrouvées sur la place Fédérale à Berne pour répéter qu’elles sont contre l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et qu’elles ne lâchent rien.
Lundi 14 décembre, sur la place Fédérale, toute l’après-midi et à tour de rôle, nous avons lu dans les trois langues nationales la lettre envoyée à tous les parlementaires fédéraux. Une après-midi entière pour qu’elles et ils prennent connaissance de la colère des féministes et de notre déter-mination à combattre le projet AVS 21 [contre-réforme des retraites en Suisse], mais aussi exiger un système de prévoyance vieillesse égalitaire et solidaire.
« Bénéficier de rentes suffisantes et dignes »
Dans cette lettre, le Collectif de la Grève Féministe explique aux parlementaires que cette fois encore, nous nous opposons au projet inique de réforme de l’AVS en leur rappelant qu’en juin 2019 déjà, nous étions des centaines de milliers à dire non :
« La hausse de l’âge de la retraite des femmes concerne tout le monde. Il s’agit du verrou à faire sauter pour, par la suite, imposer à toutes et tous de travailler jusqu’à 66 ou 67 ans, voire plus, dans des conditions précaires durant la vieillesse !
Mais cette mesure frappe surtout celles qui parmi nous ont les conditions de travail les plus difficiles. Celles qui cumulent travail salarié et travail domestique, et qui finissent par s’épuiser, physiquement et psychiquement. Celles qui survivent avec des emplois précaires et mal payés et qui peinent à boucler leurs fins de mois, notamment les mères qui élèvent seules un ou plusieurs enfants. Celles qui ont 50 ans et plus et qui sont en situation de chômage de longue durée. Ou encore celles qui sont déjà à la retraite et survivent avec des rentes [pensions] de misère alors qu’elles ont travaillé toute leur vie et, pour certaines, élevé des enfants, contrairement aux 25 % des hommes les plus aisés, qui eux partent en retraite anticipée à 60 ans avec une rente de 5 000 francs par mois ou plus ! Ce sont souvent ces mêmes hommes qui veulent nous imposer de travailler plus longtemps. Ceci est non seulement inadmissible mais totalement cynique !
Aujourd’hui, nous sommes encore et toujours moins bien payées que les hommes. Nos fiches de paie indiquent un salaire en moyenne de 32 % inférieur à celui des hommes, car la discrimination salariale s’ajoute au temps partiel, à la moindre valorisation des métiers majoritairement féminins et au travail non rémunéré. Cet écart a un impact néfaste sur nos rentes. Globalement, nous tou-chons aujourd’hui une rente de 37 % inférieure à celle des hommes. L’inégalité vient principalement du 2e pilier, où l’écart entre les genres est de 63 %.
Par ailleurs, en 2018, 44 % des nouvelles retraitées n’avaient pas de 2e pilier. Il est grand temps d’admettre que le système des trois piliers ne fonctionne plus et que ce dont nous avons besoin n’est pas de travailler plus longtemps, mais de bénéficier de rentes suffisantes et dignes » (extrait de la lettre du 14 décembre 2020, envoyée par le Collectif de la Grève féministe à tous les parlementaires fédéraux).
La campagne est lancée : on ne lâchera rien !
Article publié dans le n°380 de solidaritéS (Suisse).