La dernière semaine a été riche en événements au Pays basque. Aurore Martin, membre (de nationalité française) du bureau national de Batasuna (gauche indépendantiste), est réapparue dans la vie publique et politique le samedi 18 juin lors d’un meeting qui a rassemblé 1 500 personnes à Biarritz (voir Tout est à nous ! n°108).
Le mardi 21 juin, un groupe de policiers encagoulés de la SDAT (sous-direction antiterroriste) est violemment intervenu dans l’appartement de Bayonne où habite Aurore, et l’a appréhendée pour la livrer aux autorités madrilènes. C’était compter sans la réaction militante. Descendant l’escalier de l’immeuble, les policiers se sont heurtés à une trentaine de militantEs qui, sans violence mais fermement, leur ont barré le passage et les ont immobilisés. Les policiers ont dû enlever les menottes à Aurore et la relâcher. Ce sont ensuite 200 personnes (dont des représentantEs de partis, de syndicats, des éluEs) qui, avec Aurore, se sont rassemblées au Petit Bayonne (quartier populaire de la ville). Une conférence de presse impromptue s’est tenue devant de nombreux journalistes ; une deuxième a été organisée le lendemain par le Collectif Pays basque contre le mandat d’arrêt européen, avec un très large soutien politique, syndical, associatif et d’éluEs, pour appeler à manifester à Bayonne le samedi suivant.
Cette manifestation, avec Aurore derrière la banderole de tête « Pour les droits civils et politiques » a été un succès rassemblant plus de 3 000 personnes. L’appel du Collectif a reçu un soutien massif et, pour la première fois depuis très longtemps (sans doute depuis l’époque franquiste) au Pays basque, l’unité la plus large a été réalisée (l’ensemble des organisations abertzale, PS, PCF, PG, NPA, CFDT,CGT, FSU, Solidaires, LAB, des maires, conseillers généraux et municipaux de divers bords…). La prise de parole a été faite, en basque et en français, par le Collectif. Ont été en particulier exigés l’arrêt des poursuites envers Aurore Martin et les militantEs indépendantistes basques victimes de la répression, ainsi que le respect des droits civils et politiques au Pays basque. Le courage et la détermination d’Aurore ont été salués. Aurore est sans illusion : « la police sait où me trouver et l’arrestation viendra, mais ajoute-t-elle la bataille politique est gagnée ». De fait, le combat contre le mandat d’arrêt européen, instrument liberticide aux mains des États leur permettant de museler des oppositions politiques qu’ils refusent, a pris ces derniers temps une dimension nouvelle, élargie. « Aurore, herria zurekin » (Aurore, le peuple est avec toi), scandaient les manifestantEs. Le Collectif a demandé à toutes et tous de rester mobiliséEs, il proposera de nouvelles initiatives. Il a appelé à créer un véritable rempart contre la répression, et pour garantir (c’est la question de fond) une résolution politique et démocratique du conflit au Pays basque.
Claude Larrieu