Publié le Mardi 27 octobre 2020 à 18h02.

Épidémie et pénurie en Allemagne

Les gouvernants allemands se sont vantés haut et fort d’avoir mené, jusqu’ici, le pays à travers l’épidémie sans trop de dégâts. Des grands discours qui ne coûtent rien, contrairement aux mesures nécessaires pour parer à la deuxième vague. Alors que les chiffres commencent à dépasser ceux du printemps, le personnel soignant craint que ce succès printanier, déjà tout relatif, ne se reproduise pas dans les semaines et mois qui viennent...

6638 nouveaux cas enregistrés le 15 octobre, 7830 le surlendemain, puis 11 287 le 22 octobre… Depuis une semaine, l’Allemagne enregistre des chiffres records de cas de Covid, qui dépassent ceux du printemps où 6294 cas avaient été enregistrés le 12 mars. Si le gouvernement tempère en pointant le nombre plus élevé de tests, l’évolution est évidente. La deuxième vague est là, et elle ne semble pas épargner le « bon élève » de la première phase de la pandémie.

Manque de personnel

Partout, les gouvernements régionaux s’agitent en annonçant des ouvertures de lits. La politique de fermeture de lits a été moins violente en Allemagne qu’en France, mais déjà au printemps, le problème n’était pas le manque de lits, mais le manque criant de personnel. De ce côté, rien ! Au contraire, certains hôpitaux privés, saignés par l’annulation de lucratives opérations de chirurgie esthétique et autres, ont mis des salariéEs en chômage partiel, voire licencié. Les premiers touchés par les mesures autorisant une extension du temps de travail ont été les salariéEs « non-soignants » du secteur hospitalier.

Comme en France, la « solution » à la pénurie de personnel est trouvée : les agences régionales de santé peuvent désormais envoyer des soignantes « cas contact » au travail si elles sont asymptomatiques... ou tant qu’elles n’ont pas encore le résultat de leur test !

Énervement(s)

La colère face à cette situation s’exprime par endroits. À l’appel du syndicat Verdi, manutentionnaires, personnels du nettoyage, et autres « non-soignants » de l’hôpital de la Charité à Berlin ont fait grève pour leur intégration au « tarif » hospitalier. Et dans différents hôpitaux des centaines de personnes ont débrayé à l’occasion de négociations de branche des services publics.

Une campagne de recrutement du gouvernement a également déclenché une vague d’indignation. Des vidéos se voulant « jeunes », humoristiques, dépeignaient le quotidien de soignants stagiaires… satisfaits de leur salaire de 1000 euros, dont la seule tâche est de classer des dossiers, et qui prennent avec humour sexisme quotidien et harcèlement au travail. Dans la situation déjà tendue, plusieurs pétitions, dont la plus grande a récoltée plus de 15 000 signatures, exigent du gouvernement de retirer la campagne.