Après 44 jours de grève, le 25 octobre, l’UAW a conclu un accord de principe avec Ford, puis le samedi 28 octobre avec Stellantis, et enfin avec GM lundi 30 octobre. À la date du 30 octobre la grève continuait chez General Motors.
Ce sont des « accords de principe » car ils doivent encore être, après information et discussion, votés par les syndiquéEs. La grève de l’automobile commencée aux États-Unis, le 14 septembre est donc entrée dans une nouvelle phase.
Salaires
Les résultats obtenus chez Ford et Stellantis sont considérés comme une victoire par l’UAW. Chez les deux firmes, l’augmentation des salaires obtenue est de 11 % immédiatement et 25 % sur les quatre ans et demi à venir, la durée d’application du contrat actuellement discutée. S’ajoute le rétablissement d’un mécanisme d’indexation des salaires sur les prix qui avait été supprimé lors de la « grande récession » de 2009.
Les différents niveaux de salaires selon l’ancienneté, divisés par 2 les premières années, et le recours massif à des intérimaires avec des salaires inférieurs ont profondément accentué les inégalités sur les lieux de travail. En finir avec ces dispositions était l’une des principales revendications portées par l’UAW. Dans les textes des accords portés à la connaissance des syndiquéEs, elles commencent à être revues avec la suppression d’au moins un niveau de salaires, le raccourcissement des délais pour les temps partiels pour parvenir au temps plein, et chez Stellantis la titularisation des emplois temporaires au bout de 9 mois.
Ainsi, un travailleur avec trois ans d’ancienneté chez Ford explique qu’il est actuellement à moins de la moitié du plein salaire, celui-ci ne pouvant être atteint qu’au bout de huit ans. Lorsqu’il reviendra au travail après la grève, il bénéficiera immédiatement du plein salaire, plus l’augmentation générale immédiate de salaire de 11 %.
Droit de grève
Autre avancée significative, le droit de grève, très réglementé dans le cadre des accords vigueur, a été reconnu en cas de fermeture d’usine ou de restructuration. Cela a notamment été gagné chez Stellantis. La firme avait fermé en février dernier son usine de Belvidere dans l’Illinois entraînant le licenciement de 1 200 salariéEs. Elle a promis la réouverture de l’usine et l’embauche prioritaire des licenciéEs. Comme l’a noté Shawn Fain, rendant compte de l’accord avec Stellantis, « nous n’avons pas seulement gagné des investissements ponctuels. Nous avons obtenu l’outil le plus puissant dont nous disposons pour protéger nos emplois : le droit de grève ».
Droit syndical
Les restructurations vont augmenter avec les transformations de la filière dues au passage au véhicule électrique. Le syndicat a ainsi obtenu de la part de GM que les usines de fabrication de batteries qu’elle installe avec des entreprises japonaises ou coréennes intègrent le périmètre couvert par les accords en cours de discussion.
La direction actuelle de l’UAW a été élue au début de l’année 2023 sur une plateforme aux mots d’ordre clairs : « Pas de concessions, pas de corruption, pas de salaire selon des niveaux ». Elle est issue d’un regroupement nommé « Pour une UAW démocratique », un courant oppositionnel, « lutte de classes » comme on dirait dans notre langage, qui a remporté les élections internes à l’UAW quelques semaines avant l’ouverture du cycle de négociations pour ces nouveaux accords.
Avec des résultats jugés comme records, Shawn Fain a indiqué : « Nous n’avons pas seulement décroché un contrat record. Nous avons commencé à inverser le cours de la guerre contre la classe ouvrière américaine ».