Publié le Mardi 18 mars 2025 à 15h00.

États-Unis : Libérer Mahmoud Khalil et défendre la liberté d’expression

Ces derniers jours, des milliers de personnes à travers les États-Unis ont manifesté pour soutenir Mahmoud Khalil, véritable symbole des attaques du président Donald Trump contre les immigréEs, les PalestinienNEns, le mouvement de solidarité avec la Palestine, les universités, la liberté académique et la liberté d’expression.

Le président Trump a fait arrêter Mahmoud Khalil, un étudiant diplômé de l’université de Columbia d’origine palestinienne, né en Syrie et de nationalité algérienne, par les services de l’immigration et des douanes, et prévoit de l’expulser. Il s’agit de la première d’une série d’arrestations de militants pro-palestiniens que le président accuse d’être « pro-Hamas », des soutiens du terrorisme et antisémites. Cette affaire est particulièrement choquante et menaçante car Khalil, qui a été l’un des leaders des manifestations pro-palestiniennes à Columbia, est titulaire d’une carte verte qui lui confère le statut de résident permanent aux États-Unis et est marié à une citoyenne américaine, Noor Abdalla, qui est enceinte de huit mois.

Retour du maccarthysme

Aucune charge pénale n’a été retenue contre Khalil, qui n’a pas de casier judiciaire. Le gouvernement n’a fourni aucune preuve de son soutien supposé au Hamas et au terrorisme. Le secrétaire de presse du président a déclaré que la sécurité intérieure disposait de tracts qu’il aurait distribués et qui porteraient le logo du Hamas et feraient la promotion de ses idées, mais ces tracts n’ont pas été rendus publics. Il est inculpé en vertu d’une loi datant de l’ère McCarthy (1952), la loi McCarran-Walter, qui visait à l’origine à empêcher l’entrée sur le territoire des survivants juifs de l’Holocauste que le gouvernement américain considérait comme pro-communistes. Le département d’État affirme que Khalil compromet la politique étrangère des États-Unis d’une manière ou d’une autre, mais, comme l’a dit l’un de ses avocats, il semble qu’il veuille l’expulser parce qu’il croit que les PalestinienNEs ont des droits humains et qu’Israël est en train de commettre un génocide.

Après son arrestation, Khalil a été envoyé au centre de détention de Lasalle à Jena, en Louisiane, à 1360 km de New York, afin de rendre plus difficile le soutien de sa famille, de ses avocats, de sa communauté et du mouvement de solidarité avec la Palestine. Il s’agissait également d’une tentative pour que son affaire soit entendue par le 5e circuit, beaucoup plus à droite. La question est maintenant de savoir si Khalil sera entendu par un tribunal de New York ou de Louisiane. Une deuxième étudiante palestinienne de Columbia, Leqaa Kordia, a également été arrêtée, accusée par la Sécurité intérieure d’avoir dépassé la durée de validité de son visa d’étudiante F-1. Et une troisième étudiante étrangère, Ranjani Srinivasan, originaire de l’Inde, s’est vu retirer son visa d’étudiante pour avoir participé « à des activités soutenant le Hamas ». Trump a puni l’université de Columbia pour son incapacité à réprimer le mouvement de solidarité propalestinien en lui retirant 400 millions de dollars de subventions.

Défendre la liberté d’expression et les droits

Une coalition de groupes palestiniens, d’organisations d’immigréEs, de défenseurs des droits civiques, de groupes d’étudiants et d’organisations progressistes et de gauche s’est formée pour soutenir Khalil. Des manifestations réclamant sa libération, principalement sur des campus universitaires, ont eu lieu à New York, dans le Michigan, dans l’Illinois et en Californie. À New York, le hall de la Trump Tower a été occupé par 300 membres de Jewish Voice for Peace portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Vous ne pouvez pas déporter un mouvement », « S’opposer au fascisme est une tradition juive » et « Plus jamais ça pour personne ». La police a arrêté une centaine de manifestantEs qui ont refusé de quitter les lieux après en avoir reçu l’ordre.

Le sénateur Charles Schumer, le plus haut responsable juif de l’histoire des États-Unis, a déclaré : « Je ne suis pas d’accord avec les opinions de Mahmoud Khalil, je les abhorre même, mais nous avons la liberté d’expression en Amérique. Et donc, si l’administration ne peut pas prouver qu’il a enfreint une loi... elle devrait abandonner les poursuites ». Pour cela, Trump a déclaré que « Schumer est un Palestinien en ce qui me concerne.... Il était juif. Il n’est plus juif. C’est un Palestinien ». Les organisations juives et musulmanes ont condamné les propos de M. Trump.

Khalil est devenu un test pour la démocratie américaine, en particulier pour la liberté académique et pour les immigrés. Nous devons continuer à nous battre pour le protéger et protéger tous nos droits.

Dan La Botz (traduction Henri Wilno)