La grève de l’automobile aux États-Unis s’est étendue vendredi 29 septembre à deux nouvelles usines de Ford et General Motors.
Cette grève inédite, « stand up », contre les trois constructeurs automobiles veut à chaque nouveau développement surprendre le patronat. Ainsi, celui-ci avait mal anticipé la semaine dernière la mise en grève des dépôts de pièces, au centre de la logistique fondée sur les « flux tendus », et qui s’avère stratégique pour la rentabilité des firmes.
Les trois firmes automobiles, en concurrence entre elles, sont encore loin de satisfaire les revendications « audacieuses » de l’UAW. Elles commencent toutefois à proposer séparément des augmentations de salaires supérieures à 20 % et à s’engager à réduire — mais non à supprimer — le nombre des niveaux de salaires selon l’année d’embauche et la durée maximum des emplois temporaires avant titularisation.
Une résistance ouvrière généralisée
Depuis le 14 septembre, la convention signée il y a quatre ans est devenue caduque. Les droits des salariéEs y figurant ne s’appliquent donc plus. Les patrons des différents établissements peuvent donc plus aisément imposer des heures supplémentaires, réprimer, licencier et recourir à des « jaunes ». Face à cela, une résistance collective s’organise, discrète mais plus généralisée.
Le climat change : ouvrières et ouvriers du rang se sentant plus forts, attendent ou espèrent leur prochaine possible mise en grève appelée d’en haut par la direction de l’UAW. La déclaration de Shawn Fain du vendredi 29 septembre sur Facebook a été suivie dans les usines par 60 000 syndiquéEs. « Quand allons-nous être appelés ? » Une ouvrière témoigne à Labor Notes de son impatience, la comparant « à celle d’avant les résultats des matches éliminatoires de football américain » !
Dans ce contexte, la visite de Biden sur un piquet de grève, bien sûr motivée par sa prochaine campagne électorale, a réconforté les grévistes. Trump, lui, a choisi une usine de fabrication de pièces, une « usine sans syndicats , et qui n’est pas directement concernée par les revendications de la grève en cours. Déplacement fustigé par le président de l’UAW !
L’ennemi, c’est la cupidité des entreprises !
Alors que l’UAW a confirmé ne pas soutenir pour le moment Biden dans sa prochaine campagne électorale, Shawn Fain l’a bien sûr remercié de sa présence. Mais le plus marquant est le contenu de la réponse prononcée devant Biden lui-même. Rappelant la participation des ouvriers de l’automobile à l’industrie d’armement pendant la Seconde Guerre mondiale, Shawn Fain a ajouté : « Aujourd’hui l’ennemi n’est plus à des milliers de kilomètres. C’est ici dans notre région. C’est la cupidité des entreprises ». Un style de sermon peut-être, mais de vraie lutte de classes !
L’UAW prend grand soin de replacer cette grève dans les mouvements de lutte actuels. « Que nous construisions des voitures ou des camions ou que nous exploitions des centres de distribution de pièces ; que nous écrivions des films ou que nous jouions dans des émissions de télévision ; que nous préparions du café chez Starbucks ; que nous soignions les gens ; ou que nous éduquions les élèves, de la maternelle au collège, nous faisons le gros du travail. Nous faisons le vrai travail. Ni les PDG ni les dirigeants. »
C’est bien pourquoi popularisation et soutien à cette grève sont, aussi ici, des tâches pour aujourd’hui. Elle nous concerne toutes et tous.