À l’approche de Thanksgiving, Trump continue de contester les résultats des élections, sur fond de crise sanitaire, économique et sociale.
Thanksgiving est une fête célébrée aux États-Unis le 4e jeudi de novembre. Le premier Thanksgiving mythique a eu lieu en 1620 lorsque les pèlerins qui avaient émigré d’Angleterre en Amérique se sont réunis pour remercier Dieu pour une récolte abondante, célébrant avec les « Indiens » qui les avaient aidés à survivre à leur première année dans le Massachusetts. L’événement a été le prélude à la catastrophe démographique (la maladie a décimé la plupart des peuples autochtones) et le début d’une conquête de près de 300 ans, marquée par le génocide de nombreuses tribus, la réduction en esclavage d’autres, l’énorme vol de terres sur tout un continent, et l’établissement de la société blanche, protestante et capitaliste qui est devenue les États-Unis.
Trump battu à la régulière
Dans l’Amérique moderne, Thanksgiving a largement perdu sa signification patriotique et est peut-être la fête familiale la plus populaire, célébrée par touTEs. Bien qu’en ce mois de novembre, il semble y avoir beaucoup moins de raisons d’être heureux [thankful]. Trump continue d’essayer d’annuler le résultat de l’élection présidentielle qu’il a clairement perdue contre Joseph Biden. La pandémie se propage sans contrôle dans tout le pays. Et l’économie sombre au milieu des fermetures, des couvre-feux et des licenciements.
Les élections américaines ont été vraiment démocratiques puisque 155 millions de personnes ont voté, représentant 65 % de l’électorat, le taux de participation le plus élevé depuis 1908. Le vote populaire (au 19 novembre, avec des votes toujours en train d’être comptés) était de 79 548 961 voix pour Biden contre 73 621 808 pour Trump. Lorsque tous les votes seront comptés, Biden battra Trump au Collège électoral par 306 votes contre 232. Trump a intenté des dizaines d’actions judiciaires dans divers États pour tenter d’annuler les élections, presque toutes ont été rejetées. Il envisage de faire appel à la Cour suprême, où six juges sur neuf sont conservateurs dont trois nommés par Trump. Son avocat, l’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, affirme toujours que l’élection a été volée. Et un autre avocat de Trump, Sidney Powell, prétend de manière absurde que « l’argent communiste » de Chine, de Cuba et du Venezuela serait à l’origine d’une victoire frauduleuse de Biden.
Fausses informations et mensonges
La Constitution prévoit que si aucun candidat à la présidence ne recueille la majorité absolue des suffrages au Collège électoral, la Chambre des représentants se réunit pour élire le président. C’est ce que Trump semble vouloir obtenir : en vertu d’une loi de 1876, chaque délégation d’État de la Chambre des représentants dispose d’une voix, ce qui donnerait l’avantage aux Républicains. (les Démocrates sont maintenant majoritaires à la Chambre sur la base de la représentation proportionnelle, mais en vertu de la loi de 1876, la règle est un État, une voix et les Républicains représentent plus d’États.) Si Trump réussissait à obtenir cela, cela déclencherait sûrement une révolte nationale.
Un grand nombre de politiciens républicains, cependant, ont reconnu la victoire de Biden et ont exhorté Trump à le faire. Pourtant, environ 80 % des électeurEs de Trump — 60 millions de personnes — croient qu’il a remporté l’élection, et il continue de les nourrir de fausses informations et de mensonges. Après que Fox News, de droite, a reconnu la victoire de Biden, Trump a rompu avec Fox. Depuis lors, des millions de ses adeptes se sont tournés vers les émissions de chaines d’information encore plus de droite extrémiste : NewsMax et One America News (AON). Trump a donc toujours sa base.
Confusion sanitaire venue d’en haut
Pendant ce temps, le Center for Diseases Control (Centre pour le contrôle des maladies) et sept gouverneurs d’État ont exhorté les AméricainEs à ne pas voyager pour Thanksgiving, craignant qu’il y ait une myriade d’événements super-propagateurs lorsque les familles se rassemblent, en grand nombre, à l’intérieur. Le porte-parole de Trump sur le virus, le Dr Scott Atlas, un neuroradiologue sans expérience des maladies infectieuses, a exhorté le public à se rebeller contre les restrictions et a dit aux citoyenEs qu’ils et elles devraient se déplacer pour rendre visite à leurs parents âgés, les plus vulnérables au virus. Ainsi, avec la confusion qui se propage depuis le haut et un manque de responsabilité sociale et de solidarité au sein de la population en général, 50 millions de personnes prévoient toujours de voyager, à peu près le nombre habituel, ce qui démontre le mépris total du pays pour la santé publique.
Avec le virus endémique, une fois de plus les écoles et les entreprises ferment et de plus en plus de travailleurEs sont licenciés. Nous avons maintenant 20 millions de chômeurEs, dont 10 millions recevant des allocations chômage fédérales qui prendront fin à Noël, tout comme la protection des 30 millions de personnes qui risquent l’expulsion de leur logement. Ce n’est décidément pas un joyeux Thanksgiving.
Traduction Henri Wilno