Publié le Mercredi 14 mars 2018 à 09h51.

États-Unis : victoire de la grève sauvage des enseignantEs en Virginie occidentale

Après neuf jours de grève et de fermeture d’écoles, les enseignants et personnels de l’éducation de Virginie occidentale sont retournés au travail le 6 mars après avoir obtenu satisfaction sur leurs revendications. Ils ont remporté une augmentation de salaire de 5 %, non seulement pour les employéEs des écoles mais pour touTEs les employéEs de l’État !  

La Virginie occidentale est le 48ème État sur 50 pour la paie des enseignantEs. La dernière augmentation qu’avaient obtenue les salariéEs de l’éducation publique de Virginie occidentale – 20 000 enseignantEs et 15 000 autres employéEs (chauffeurEs de bus scolaires, travailleurEs administratifs, des cafétérias et de la maintenance, etc) – remontait à 4 ans. Quand le gouverneur a annoncé qu’il ne pouvait leur offrir qu’une augmentation de 1 % de salaire cette année, les salariéEs se sont tournés vers les tactiques syndicales traditionnelles.

La grève, soutenue par les syndicats, a démarré le 22 février. Cette grève – illégale dans le droit du travail étatsunien – a duré d’abord 4 jours d’école plus une journée de récupération, avant une tentative d’accord avec le gouverneur. 

L’accord incluait 5 % d’augmentation pour les salaires des employéEs d’écoles et la création d’une commission d’enquête qui préconiserait des améliorations du système d’assurance santé. L’accord contenait également une augmentation de 3 % pour les autres employéEs de l’État. Les représentants syndicaux ont encouragé leurs membres à voter « oui » sur l’accord, et on  s’attendait à ce que les employéEs le ratifient prestement. Mais sur 55 comtés de Virginie occidentale, 50 ont refusé l’accord et ont prolongé la grève pendant 5 jours. 

La force des travailleurEs, c’est la grève !

Les employéEs étaient satisfaits des augmentations mais ont considéré que l’augmentation continue du prix de l’assurance santé était un problème également important. Le gouverneur a annoncé que les coûts d’assurance santé seraient gelés pendant un an, et qu’une commission d’enquête sur la question serait mise en place. Mais les enseignantEs ne voulaient pas d’une commission d’enquête, ils voulaient des actes. S’ils n’ont pas obtenu d’autres avancées sur l’assurance santé, les enseignantEs ont réussi à obtenir une augmentation pour touTEs les employéEs de l’État. Seule ombre au tableau, les législateurs républicains ont annoncé que les augmentations des enseignantEs seront financées dans le futur par des coupes dans d’autres budgets comme les budgets sociaux.  

Cette grève a été la grève la plus importante depuis la grève générale du Wisconsin de 2011 par son ampleur et sa radicalité. La grève a été soutenue par les familles des élèves et la population malgré le black out médiatique venant autant des médias conservateurs (Fox) que des médias réputés plus proches des Démocrates (MSNBC). Alors que la bureaucratie syndicale voulait mettre fin à la grève, elle a subi un camouflet de la part des militantsE de base. La grève de Virginie est un exemple pour touTEs les salariéEs étatsuniens du public comme du privé, qui font face aux mêmes problèmes et qui ont à la tête de leurs syndicats (s’ils en ont) la même bureaucratie inféodée aux Démocrates, plus occupée à préparer les élections de novembre que la lutte dans la rue. Les enseignantEs de l’Oklahoma ont déjà prévu une grève début avril…

Stan Miller (avec Bill Onasch)