À nouveau des pays africains sont frappés par la famine. Selon les experts, cette crise alimentaire risque d’être la plus grave depuis 60 ans.
On se souvient que déjà en 2011 en Somalie, plus de 250 000 personnes avaient péri, faute d’une réactivité suffisante de la part des instances internationales.
La sécheresse apparaît comme la principale cause. En effet, elle sévit depuis trois ans et les pluies sont plus tardives, moins fréquentes, et plus faibles. Cette situation est à mettre en lien avec le réchauffement climatique de la planète.
Les Nations unies ont déclaré le Soudan du Sud en situation de famine et émis une alerte pour le Yémen, la Somalie, le Nigeria qui sont en grave crise alimentaire.
Un consensus s’est créé autour d’une définition de la famine qui doit répondre à un certain nombre de facteurs qui sont notamment : plus de 30 % des enfants doit être atteint de malnutrition aiguë ; deux décès doivent être recensés chaque jour pour 10 000 habitantEs ; une maladie pandémique doit s’être déclarée ; chaque jour, les habitantEs doivent avoir accès à moins de quatre litres d’eau et leur nourriture doit leur apporter moins de 2 100 calories.
Mais les conditions climatiques extrêmes ne sont pas la seule cause de la famine, loin de là. En effet, le point commun de ces quatre pays est la situation de conflit qui perdure et qui dégrade considérablement l’offre alimentaire.
À l’origine les conflits...
Les paysans ne peuvent plus cultiver leur terre, pour des raisons de sécurité ou parce que les semences ont été pillées, les troupeaux ont été abattus ou volés. Les moyens de communication sont coupés et empêchent les acheminements de denrées. L’augmentation des prix interdit aux familles pauvres d’avoir accès à la nourriture, même la plus basique.
Si on prend l’exemple de la crise alimentaire au nord-est du Nigeria, la pénurie alimentaire est provoquée essentiellement par la stratégie des armées conjointes camerounaise, tchadienne et nigériane qui ont établi un véritable embargo dans la région du lac Tchad afin d’assécher financièrement la secte islamiste Boko Haram. Ainsi les populations ne peuvent ni cultiver ni vendre les poissons séchés. C’est précisément ce type de mesure qui plonge la région de Maiduguri dans l’insécurité alimentaire.
En Somalie, les djihadistes refusent l’accès des humanitaires dans les zones qu’ils contrôlent.
Quant au Soudan du Sud, pays déclaré en état de famine, un rapport confidentiel des Nations unies souligne que l’essentiel du budget du pays est consacré à l’achat d’armement au dépend d’un soutien à l’agriculture et aux infrastructures sanitaires et de santé. De plus, les troupes gouvernementales de Salva Kiir utilisent la pénurie alimentaire dans leur stratégie de nettoyage ethnique en bloquant tous les acheminements de nourriture pour les populations de la même ethnie que les rebelles.
La responsabilité des pays riches
La famine n’est pas seulement le produit de catastrophe naturelle (d’autant que le réchauffement climatique est pour une très large part la conséquence des activités industrielles des pays riches) mais aussi des politiques de guerre que se mènent les dirigeants.
Dans cette affaire les pays riches ont aussi une responsabilité en soutenant peu ou prou ces gouvernements irresponsables. Ainsi, il n’y a toujours pas d’embargo sur les armes pour le Soudan du Sud, pourtant pays en proie à la famine et à la guerre civile.
Même si l’on sait que l’aide internationale n’est pas une solution pérenne, la somme de deux milliards de dollars permettrait d’éviter que la crise alimentaire ne se transforme en famine généralisée pour au moins vingt millions de personnes. À ce jour, l’ONU n’a réussi à lever que 92 millions... dans un monde qui brasse 4 000 milliards de dollars par jour ! Ce qui relativise l’émoi des dirigeants des pays industriels.
Paul Martial