Publié le Mercredi 17 décembre 2025 à 17h00.

Impérialisme français hors d’Afrique !

La tentative de putsch, le 7 décembre, contre le chef d’État béninois Patrice Talon aura été étouffée dans l’œuf avec l’aide politique, logistique et militaire de la France.

À l’aube, les militaires des Forces spéciales, dont le lieutenant-colonel Pascal Tigri est le commandant, ont lancé des assauts sur les résidences de plusieurs hauts dignitaires et sur le palais présidentiel avant de s’emparer de la chaîne de radiotélévision le temps de diffuser un message affirmant avoir démis le président, suspendu les institutions et créé un Comité pour la refondation militaire avec Tigri à sa tête. Ayant échoué à prendre l’aéroport, ils se retranchent dans leur camp de Togbin, encerclés et défaits par les militaires loyalistes. Le soir même, Talon apparaît à la télé pour annoncer l’échec du coup d’État.

La Françafrique à l’œuvre

Mais ce qui a contribué à sauver aussi rapidement Talon, au-delà des militaires qui lui sont restés fidèles, c’est l’intervention de son puissant voisin, le Nigeria, déployant dans le cadre de la CEDEAO ses forces aériennes et terrestres. Une intervention sollicitée par Talon mais aussi par… Macron. Après avoir échangé le matin même avec le président béninois, il s’est entretenu avec le président Tinubu du Nigeria pour exprimer « la solidarité de la France face à différents défis sécuritaires » et, selon Jeune Afrique (8 décembre), appuyer la demande béninoise d’intervention militaire. Mais il n’en est pas resté à de simples pressions sur le Nigeria. Non seulement, ainsi que le reconnaît la présidence française, il a fourni aux loyalistes une « aide en termes de surveillance et d’observation et de soutien logistique », mais il a aussi déployé au sol « des éléments des forces spéciales françaises, arrivés un peu plus tôt d’Abidjan », comme l’avoue le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, chef de la Garde républicaine (Jeune Afrique, 11 décembre). Une intervention militaire dans la plus pure tradition de la très néocoloniale Françafrique !

Macron au secours de l’autocrate Talon

Il y a peu, Macron, rassurant les despotes africains qu’ils auraient leur part du gâteau, osait affirmer que « l’âge de la Françafrique est révolu » et que la France est désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent. Sauf qu’au Bénin, il s’est agi de sauver un régime ami. Et peu importe que Talon, le « roi du coton » devenu président qui profite largement du système néocolonial (15ᵉ plus grande fortune d’Afrique subsaharienne francophone), gouverne d’une main de fer un pays où les inégalités ne cessent de s’accroître, frappant particulièrement les jeunes et les femmes : attaques contre le droit de grève et les syndicats, emprisonnement des opposants, interdiction des principaux partis d’opposition… Frontalier du Burkina Faso et du Niger, qui ont rompu avec la France, le Bénin risquait de suivre leur exemple avec un Pascal Tigri qui, comme l’ont fait en leur temps les militaires ayant pris le pouvoir dans ces deux pays, accuse son gouvernement d’incapacité à assurer la sécurité face aux attaques djihadistes au nord du pays.

Solidarité anti-impérialiste

Pour défendre ses intérêts économiques et géostratégiques, l’impérialisme français ne fait pas que s’accrocher aux derniers bastions de son pré carré historique, il redéploie sa politique françafricaine en direction d’autres pays. En témoigne la tournée africaine de Macron fin novembre. Le continent fait l’objet d’une concurrence exacerbée entre puissances, génératrice d’un chaos dont sont victimes les populations. Mais les résistances s’organisent de plus en plus. Notre responsabilité, dans les citadelles impérialistes, est de les soutenir activement.

Commission Afrique