« Les actions et la rhétorique antisémite de l’Irlande contre Israël sont enracinées dans la délégitimation et la diabolisation de l’État juif, ainsi que dans la politique du deux poids deux mesures ». C’est ainsi que Gideon Sa’ar, ministre israélien des Affaires étrangères, a annoncé ce dimanche 15 décembre la fermeture de l’ambassade d’Israël à Dublin.
Cette annonce fait directement suite à la décision prise quelques jours plus tôt par le gouvernement irlandais d’intervenir dans la plainte déposée par l’Afrique du Sud à l’encontre d’Israël devant la Cour internationale de Justice. Ainsi, le ministre israélien justifie sa décision par une politique « anti-Israël » qui serait menée par le gouvernement irlandais. Ce dernier explique de son côté vouloir peser dans la procédure devant la Cour internationale de Justice de manière à ce qu’elle considère que les actions menées par Israël à Gaza depuis octobre 2023 constituent un génocide.
La pression du mouvement de solidarité
Soyons clair, si le gouvernement de Dublin a acté sa participation à la procédure ouverte par l’Afrique du Sud, c’est non seulement très tardif, mais c’est avant tout grâce à la pression exercée depuis des mois par le puissant mouvement de solidarité avec la Palestine en Irlande. La fermeture de l’ambassade israélienne représente d’ailleurs une victoire majeure pour le mouvement qui réclamait de longue date l’expulsion d’Irlande de l’ambassadrice israélienne. Les militantEs de la cause palestinienne en Irlande l’expliquent bien : si le gouvernement irlandais a effectivement pris position pour un cessez-le-feu à Gaza, participe à la plainte devant la Cour internationale de Justice et a reconnu officiellement l’État de Palestine, cela ne reste que symbolique.
Israël ferme son ambassade à Dublin alors que l’Irlande n’a pris aucune sanction concrète à son encontre. Pendant ce temps, les aéroports irlandais continuent d’être utilisés pour du transport de matériel militaire à destination des forces armées israéliennes, sous le regard complaisant du gouvernement, la Banque centrale irlandaise continue de financer le génocide et l’Irlande continue d’être l’un des plus gros partenaires économiques d’Israël.
Les relations économiques avec les colonies israéliennes en Cisjordanie
Sans oublier l’enjeu autour de la proposition de loi sur les territoires occupés, qui rendrait illégales toutes relations économiques avec les colonies israéliennes en Cisjordanie. Discutée au Parlement irlandais depuis 2018, elle est régulièrement bloquée par les deux principaux partis au gouvernement. Le fait que cette proposition de loi pourrait finalement être adoptée prochainement à la faveur de l’évolution de la situation en Palestine n’est probablement pas étranger à la décision d’Israël de fermer son ambassade, tel un moyen de pression supplémentaire sur les composantes du gouvernement irlandais.
Il reste que la fermeture de l’ambassade d’Israël à Dublin est une victoire qui renforce le mouvement de solidarité avec la Palestine en Irlande, et comme le disent les militantEs sur place : bon débarras !
Awena Connolly