Publié le Mercredi 6 mars 2019 à 11h48.

France-Libye : les bateaux de la honte

La rumeur circulait depuis quelques jours, avant que la nouvelle soit confirmée le 21 février dans une dépêche Reuters : « La France va fournir au printemps prochain six embarcations rapides à la garde-côtes libyenne, engagée, avec la coopération de l’Union européenne, dans le contrôle controversé des flux de migrants tentant de traverser la Méditerranée. » L’agence Reuters emploie ici un doux euphémisme en évoquant le caractère « controversé » de la politique criminelle à l’égard des migrantEs, menée par l’Union européenne, soit directement, soit par l’intermédiaire de sous-traitants comme la Libye. 

Les phénomènes de violences, torture, travail forcé, trafic d’esclaves… qui ont cours en Libye, ont été largement documentés par les ONG et par les témoignages directs des migrantEs qui ont réussi à s’échapper de l’enfer. Et il en va de même de la participation directe et/ou de la complicité des autorités libyennes, des forces de sécurité, des garde-côtes… qui ont partie liée avec les passeurs, milices et autres trafiquants. Comme le souligne une pétition1 initiée par diverses associations, collectifs et ONG, « les migrantEs et demandeurEs d’asile qui sont capturés en mer et refoulés en territoire libyen sont placés en rétention et soumis à des conditions de vie inhumaines : insuffisance de nourriture, d’eau, de soins médicaux, mais aussi passages à tabac, tortures, violences sexuelles, esclavage, homicides… En bref, droit de vie et de mort sur des personnes otages de la barbarie. » Le gouvernement français franchit donc un nouveau cap dans l’inhumanité : honte à lui ! Face à cette fuite en avant barbare, il ne s’agit pas de tergiverser : la mobilisation pour l’accueil des migrantEs doit se poursuivre et s’amplifier, et nous devons continuer d’exiger la liberté de circulation et d’installation, sans condition.

J.S.