Publié le Lundi 28 mai 2012 à 10h55.

Francfort, si j’avais su, j’y serais allé !

25 000 manifestantEs se sont retrouvéEs dans la ville où siège la BCE pour remettre en cause les politiques d’austérité.

Dans la foulée du premier anniversaire des Indignés, trois jours de protestation européenne contre la dette et l’austérité ont paralysé la ville allemande de Francfort où est située la Banque centrale européenne. 

L’enjeu de cette mobilisation était double ; dénoncer et s’opposer aux politiques d’austérité menées par les institutions européennes, et affirmer notre solidarité internationale alors que les classes dirigeantes jouent la carte du nationalisme et de la division entre les peuples pour nous les imposer. 

Il ne s’agissait donc pas moins que de reprendre l’offensive à l’échelle européenne en construisant nos propres rendez-vous, indépendamment du calendrier des classes dirigeantes qui dicte habituellement nos contre-­sommets, pour commencer à opérer la jonction indispensable des différents mouvements de protestation nationaux. 

Si l’intégralité des composantes du mouvement social européen, et notamment syndical, n’a pas pris la mesure des enjeux et du potentiel de cette mobilisation, les classes dirigeantes elles ne s’y sont pas trompées en interdisant les manifestations de Blockupy. 

Arsenal répressifTrois jours durant, 5 000 policiers ont tenu la ville sous haute surveillance au prétexte d’assurer la sécurité des biens et des personnes. 

Des milliers de manifestantEs ont cependant bravé l’interdiction des autorités et participé aux actions de blocage et d’occupation du centre-ville jeudi et vendredi. Leur comportement exemplaire, alors même qu’ils étaient sous pression et devant les provocations constantes de la police, et le simple fait qu’ils n’aient pas renoncé à protester en dépit de l’arsenal répressif, a permis de mettre en lumière le côté où se situe l’insécurité et celui où sont la démocratie et la justice. 

La manifestation du samedi, finalement autorisée, a quant à elle rassemblé près de 25 000 personnes venues d’Allemagne, d’Italie et de France. Les délégations internationales et les réseaux altermondialistes ouvraient la marche, suivies de la gauche allemande dominée par Die Linke et enfin d’un dernier pôle, bien plus jeune, et bien plus combatif. Ici, défilaient en rangs serrés près de 10 000 jeunes allemands et italiens pour l’essentiel, issus des réseaux de la gauche radicale, des mouvements Indignés et Occupy, des collectifs tels que Rivolta il Debito. Impressionnants de détermination, entonnant des slogans anti­capitalistes et antifascistes, ils ont su démontrer la force du collectif face à l’omniprésence de la police. Bien plus que par leur nombre, c’est la jeunesse et la conscience résolument anticapitaliste de cette partie du cortège qui en a fait le pôle le plus emblématique de la manifestation.

Mouvement européenAu vu des attaques présentes et à venir, c’est bien la renaissance d’un mouvement européen centré sur les luttes et mouvements sociaux, la critique du capitalisme et le rejet du paiement de la dette et des politiques d’austérité qu’il s’agit de construire de toute urgence. La mobilisation de Francfort démontre la disponibilité de la jeunesse européenne pour cela. Les mobilisations contre le projet de pacte budgétaire européen et en solidarité avec la Grèce en sont l’occasion, les centaines de collectifs contre la dette en sont le moyen.

Ambre Bragard