Frontex est l’agence chargée de « protéger » les frontières de l’Union européenne. Fondée en 2005, elle est aujourd’hui cofinancée par la Suisse à hauteur de 14 millions de francs [13,6 millions d’euros]. Ce montant permet le développement d’un arsenal sophistiqué de matériel d’intervention. Le 15 mai prochain, les citoyenEs suisses devront se prononcer sur une augmentation de 14 à 61 millions de francs [59,3 millions d’euros] de cette subvention d’ici 2027, ainsi que sur l’accroissement de la dotation en personnel.
Cette augmentation représente une militarisation conséquente de la gestion des frontières européennes. Des associations d’aide aux migrantEs et des organisations internationales accusent pourtant Frontex de violations des droits humains. Dans les Balkans, Frontex repousse illégalement les personnes hors de certaines frontières. En Méditerranée, Frontex assiste sans lever le petit doigt à la destruction de moteurs de bateaux et à des abandons en mer de personnes. En Suisse, Frontex organise des « vols spéciaux » pour renvoyer de force des migrantEs entravés et menottés, au mépris de leur santé physique et morale.
Une politique raciste et brutale
Frontex est la pièce maîtresse d’une politique d’asile européenne brutale, raciste et meurtrière, qui militarise les frontières et cherche à repousser toujours plus loin les personnes condamnées à l’exil. L’UE intervient d’ailleurs dans la gestion des frontières sud des pays limitrophes de l’Europe (Libye, Turquie, etc.), afin de renforcer les barrières d’accès à son territoire. Un procédé qui participe aux violences que subissent les migrantEs dans ces territoires (séquestrations, tortures, viols…), décriées par la presse internationale.
Il est argué par les milieux bourgeois que l’opposition à Frontex conduirait à une expulsion de la Suisse de l’espace Schengen. Rien n’est plus faux ! Des enquêtes, portant sur les violations des droits humains et sur la gestion de Frontex, ont amené le Parlement européen lui-même à geler une partie de son budget. Dans ces circonstances, la Suisse peut refuser de donner un blanc-seing à Frontex, sans que cela remette en question sa participation aux accords de Schengen.
Cette politique migratoire, qui vise à limiter et interdire l’accès à son territoire, a une seule conséquence : rendre les routes de migration de moins en moins sûres, de plus en plus meurtrières. Frontex est le bras armé d’une Europe forteresse dont nous ne voulons pas !
Seule la volonté politique manque pour organiser dignement l’accueil de l’exil. La vague migratoire ukrainienne actuelle le démontre : la solidarité et l’humanité sont possibles.
Il n’est plus supportable de rejeter et criminaliser des exiléEs selon leur origine, ni de laisser des personnes – femmes et personnes LGBTIQ+ avant tout – subir les violences du parcours migratoire, de l’administration et des lois suisses une fois arrivéEs ici. Pas plus que nous ne pouvons laisser des civilEs sous les bombes à quelques centaines de kilomètres de la Suisse, nous ne pouvons continuer à laisser couler des bateaux en Méditerranée et mourir les personnes condamnées à l’exil !
La politique migratoire de la Suisse doit être profondément révisée pour garantir un accueil digne de touTEs. Un non à Frontex le 15 mai sera la première pierre de cette révision, qui ne peut attendre.