Publié le Samedi 3 octobre 2015 à 08h47.

Grèce : « Changer réellement le rapport de forces »

Déclaration du bureau politique de l'OKDE-Spartakos, membre de la coalition Antarsya. Titre et intertitres de la rédaction. 

Si le résultat des élections de janvier exprimait l’espoir (et aussi les illusions) de la classe ouvrière de se débarrasser du mémorandum et de l’austérité par la voie électorale et « un gouvernement de la gauche », les mêmes résultats aux élections du 20 septembre ont un sens bien différent. La victoire et l’affaiblissement très limité de Syriza, quelques semaines après avoir imposé le troisième mémorandum, montre qu’une grande partie des travailleurs pensent que pour le moment il n’y avait pas d’alternative.

Cette gauche au pouvoir pour appliquer l’austérité

Les quartiers ouvriers ont voté encore une fois massivement pour Syriza. Ce n’est pas tant les promesses médiocres et les excuses vagues de Syriza qui les ont persuadés, que leur haine pour la droite, le Pasok et les anciens gouvernements pro-mémorandum. Mais cette haine, bien compréhensible, n’est pas suffisante pour rendre optimistes ces résultats électoraux.

La comparaison formelle des pourcentages de la gauche et de la droite penche pour la première, mais cela a peu d’importance au vu du fait que c’est cette gauche au gouvernement qui prend le mandat d’appliquer, en collaboration avec le petit parti de la droite nationaliste Anel, un programme d’austérité et des réformes dans l’intérêt du capital grec et européen.

Le pourcentage important d’abstention exprime surtout la désorientation et le désespoir. Mais en même temps, il montre que l’acceptation du mémorandum comme un mal inévitable est, à un certain degré, une fiction. Les faibles attentes concernant les élections ne sont pas forcément une mauvaise chose.

Antarsya, une campagne claire et positive

La question centrale que montrent ces élections est que tout un courant social, qui a lutté pendant des années, a renversé des gouvernements et inversé le rapport de forces politiques, se trouve aujourd’hui rangé derrière la direction de Tsipras et de Syriza. Cette orientation le rend passif et conservateur.

La gauche hors Syriza a sa part de responsabilité, à cause de son insuffisance et de ses erreurs. La responsabilité centrale en revient à l’opposition qui, jusqu’à récemment, était dans Syriza, et à tous les courants qui le soutenaient d’une façon « critique » ou « tactique », livrant en réalité ce courant à Tsipras.

Antarsya est une des rares forces du spectre qui a augmenté son influence en chiffres absolus. Son pourcentage est décent, bien qu’inférieur à sa présence au niveau de la lutte des classes et des nécessités. La campagne électorale et la collaboration avec EEK (organisation trotskiste) peuvent être considérées comme positives. Et malgré quelques contradictions, nous avons avancé dans une direction bien plus claire et anticapitaliste qu’en janvier dernier.

Le choix d’Antarsya de ne pas collaborer avec l’Unité populaire était correct, comme on l’a vu avec leur campagne. La relance de discussions, déjà dépassées, concernant de possibles convergences programmatiques et électorales, ne nous apportera rien, sinon des pressions vers une adaptation droitière d’Antarsya.

Unité contre les nouvelles mesures

Au contraire, une unité large du mouvement et sur des axes concrets contre les nouvelles mesures, s’appuyant sur des comités et la coordination de toutes les forces en lutte, avec la gauche anticapitaliste jouant un rôle central, hors du Parlement, dans la rue et sur les lieux de travail, est ce qui peut réellement changer le rapport de forces politique et social.

Malgré le bilan de ces élections, ce rapport des forces peut rapidement changer parce que le système est instable. L’ heure du véritable soulèvement (en grec Antarsya – NDLR) approche.