En plein mois de juillet, une grève exemplaire vient d’entamer une « référence entrepreneuriale » vantée par le Premier ministre Samaras et son gouvernement droite et Pasok. Les ouvriers d’un des trois secteurs du port du Pirée, vendu depuis 2009 au géant chinois Cosco, ont refusé de subir plus longtemps les conditions médiévales auxquelles Cosco et l’intermédiaire patronal grec les soumettaient. Journées de travail pouvant atteindre 16 heures, heures supplémentaires nombreuses et non payées, absences de pauses, accidents du travail non déclarés (les victimes étaient même transportées à l’hôpital en voiture individuelle), équipes de grutiers réduites... et bien entendu interdiction de fait de l’organisation syndicale !
Vendredi 18 juillet au matin, l’équipe de nuit a refusé de sortir et a élaboré, en AG avec l’équipe de jour, une liste de revendications, réclamant également une convention collective et la reconnaissance de la pénibilité du métier. Du côté de la direction, l’affolement était perceptible devant cet événement inattendu, et suite à l’AG, des négociations ont immédiatement débuté. D’ores et déjà vient d’être reconnu – par écrit –, pour ceux qui en relèvent, le statut de travailleur des ports, incluant la pénibilité. La direction s’engage aussi à une formation d’ici septembre permettant aux autres ouvriers de relever de ce statut.
Devant ce premier acquis, les travailleurs de Cosco ont décidé de suspendre leur grève, après avoir reçu le soutien des syndicats du secteur et de la gauche politique. Cette victoire, qui reste à confirmer, a quelque chose d’exemplaire dans la situation grecque : Samaras est un petit représentant de commerce de l’exploitation à la chinoise, et le « port Cosco » est un modèle de modernité économique à ses yeux : il y est venu en visite 4 fois ces derniers mois, sans bien entendu apercevoir le moindre manquement social... De plus, Cosco est le prototype de la vente acharnée du domaine public au privé – grec ou étranger –, avec toutes les régressions imaginables pour les travailleurEs et la population. Ce brusque rappel aux réalités, qui plus est par des travailleurs sans possibilité d’organisation, est une très bonne nouvelle !