Publié le Mardi 16 septembre 2014 à 11h03.

Grèce : on n'oublie pas Pavlos Fyssas

Il y a un an, une horde de nazis de Chryssi Avgi (« Aube Dorée ») assassinait le rappeur antifasciste Pavlos Fyssas. Les jours suivants, une immense mobilisation eut lieu partout en Grèce pour dire stop à l'impunité dont disposait cette bande de tueurs. Un an plus tard, où en est-on ?

Assurément, les mobilisations ont contraint le gouvernement à prendre quelques mesures : des chefs en prison, en attente de procès, et des condamnations, tardives, pour des faits anciens connus mais jusqu’alors non jugés (deux nazis jugés ces derniers jours pour des agressions en 2011). De plus, la guerre des chefs a éclaté entre le « Führer » et l'un des chefs cogneurs.

La peste brune toujours présente

Mais il ne faut pas s'y tromper, Chryssi Avgi n'a pas disparu : elle reste à 8 ou 10 % des intentions de vote. Des agressions anti-immigrés reprennent, comme en Crète lundi 8 septembre. Et surtout, avec presque 30 % de chômeurs et donc un terreau fertile pour la peste brune, le gouvernement donne de discrets feux verts : relâche des hommes de main qui avaient tiré contre les ramasseurs de fraises immigrés qui réclamaient leurs salaires, vote d'une loi antiraciste sans vrai effet, et risque d'un aménagement du code pénal (qui désamorce le caractère criminel officiellement accolé depuis un an aux hordes d'horreur). Sans oublier la présence au gouvernement d'« anciens » fascistes, comme Voridis mais aussi la pénétration du nazisme dans certains corps (des élèves flics s'en réclament ouvertement)...

L'hommage à Fyssas est le temps fort d'une mobilisation unitaire qui va durer, entre initiatives nationales et locales. Sur le terrain, dans les quartiers, des comités agissent, pour interdire l'apparition des nazis. Des journalistes infatigables empêchent le pouvoir d'étouffer les infos sur les crimes nazis : cette semaine, l'équipe de Ios rend compte d'un dialogue entre chefs nazis fiers d'avoir tabassé des militants du KKE à Perama, une banlieue ouvrière... Et ce jeudi 18 septembre, des manifs partout en Grèce et surtout à Keratsini, lieu du crime, suivi d'un grand concert vendredi 19 dans le centre d'Athènes. No pasaran !

D’Athènes, A. Sartzekis