Publié le Jeudi 17 décembre 2009 à 16h22.

Grèce : refuser la facture...

Le gouvernement grec s’engage à résorber les déficits en s’attaquant aux dépenses sociales.

Dans un climat d’affolement créé par les agences financières de notation, relayé par l'Union européenne et les médias internationaux, le gouvernement Pasok propose un «dialogue social» aux organisations ouvrières et au patronat, dans un cadre d’«union nationale» pour enfermer les travailleurs. Jeudi 17 décembre est organisée une grève générale.

La dette extérieure (publique et privée) comme la dette publique de la Grèce résultent de politiques déjà anciennes d'exonération fiscale du grand patronat. Déjà, entre 1979 et 1989, la dette publique est passée d'environ 8% du PIB à 33%, tandis que la dette extérieure totale passait de 13 à 38%.

Aujourd'hui, la dette publique atteint 135% du PIB et la dette extérieure 150%. Le nouveau budget chiffre le montant des intérêts de la dette au quart des recettes totales (habituellement surestimées), soit 5% du PIB, presque le double des années 1980. Cet endettement est en lien avec les dépenses militaires (4 à 4,5% du PIB) ainsi qu'avec un fait soigneusement passé sous silence : l’État grec garantit à 80% les emprunts à court ou long terme faits par les entreprises. Quand les entreprises n'honorent plus leurs obligations, ce paiement pris en charge par l'État se reporte automatiquement sur la dette publique.

Même si le nouveau Premier ministre Georges Papandreou savait lors des élections d'octobre que le déficit public serait autour de 13% du PIB, il a centré sa campagne sur la promesse de ne pas comprimer les salaires et c’est cette promesse qui explique la victoire écrasante du Pasok. Le chômage en Grèce est de 18%, la consommation est en baisse, et le PIB a diminué de 1,7% en un an.

La Banque centrale européenne, en prévision d'une nouvelle crise, veut imposer à tous les pays de l'Union européenne une stricte discipline dans les finances publiques. Mais ce n'est pas la Grèce, dont l'économie ne représente que 3% des pays de la zone euro, qui pose le plus de problèmes, malgré ce que dit la presse, mais plutôt les grands pays comme l'Allemagne, avec une dette et un déficit public croissants (respectivement 78% et 6% du PIB).

Dans ces conditions, Papandreou n'ira peut-être pas jusqu'à la diminution réclamée des salaires, comme en Irlande, mais il tentera d'augmenter les impôts indirects et de diminuer les dépenses sociales, avec comme objectif de ramener le déficit budgétaire à 4% du PIB.

Athènes, Takis Thanassoulas et Andreas Sartzekis