Oublié le temps où Hollande dénonçait le G8 comme « un club de riches et de puissants qui émet des vœux ». « Il y a une différence, c’est que j’y suis maintenant », se justifie-t-il avec une fatuité digne de son prédécesseur… Et le nouveau président de se féliciter : « Je considère que des avancées importantes ont pu être faites sur les principaux sujets à l’ordre du jour », « la fermeté a conduit les Iraniens à venir à la négociation », sur la Syrie « il y a eu une avancée significative »... et le débat sur la croissance s’est imposé ! « Il apparaît d’évidence que la croissance a été le grand sujet de ce G8 […] Il n’y aura pas de croissance sans confiance, et il n’y aura pas de confiance sans croissance. Je considère que le mandat qui m’a été confié par les Français a déjà été honoré ». Hollande est satisfait. Pour cela il a suffi qu’Obama prononce quelques vœux pieux : « Nous sommes tous déterminés à faire en sorte que la croissance, la stabilité et la consolidation budgétaire fassent toutes partie d’un ensemble de mesures que nous devons tous prendre, afin de parvenir à la prospérité que nous recherchons pour nos concitoyens. » Croissance et consolidation budgétaire, c’est à dire austérité, associées en paroles et tout le monde est content.
De Camp David à Chicago, Hollande a continué son parcours initiatique avec le sommet de l’Otan, le premier qui se déroulait sur le sol américain depuis 1999 et qui a réuni soixante pays dont les chefs d’État ou de gouvernement des 28 pays membres. Tout fier de ses premiers pas parmi les maîtres du monde, Hollande a su s’adapter selon la ligne édictée durant la campagne : « Je veillerai à affirmer l’indépendance de la France sans compliquer la tâche de Barack Obama. » Concernant le retrait des 3 500 soldats français en Afghanistan, il avait par avance modulé sa position en n’évoquant plus qu’un retrait d’ici la fin de 2012 des seules troupes « combattantes » et en promettant de le faire « en bonne intelligence avec nos alliés » laissant sur place des forces de soutien et de formation de l’armée et de la police afghanes. Enfin, en convenant que ce mouvement prendrait « sans doute plus de temps »... Un retrait à petits pas qui ne contredit pas la politique des USA et Obama de se féliciter « nous sommes unis dans notre détermination à achever la mission ». Ce dernier veut masquer le fiasco de la politique militariste et agressive des grandes puissances et s’assurer du soutien politique et financier de ses alliés pour maintenir ses troupes jusqu’en 2014, puis un contingent, ainsi que pour l’entretien de l’armée afghane dont Washington ne veut pas assurer seul la charge. Hollande s’est coulé dans le moule, il a réussi son entrée au club des maîtres du monde en jouant sa petite musique tout en apportant son soutien à cette sale guerre et à l’occupation de l’Afghanistan en continuité avec la politique de Jospin au début de la guerre.
Avec toutes celles et ceux qui ont affronté la police dans les rues de Chicago contre le sommet de l’Otan nous exigeons le retrait immédiat de toutes les troupes d’occupation.
Yvan Lemaitre