Publié le Mardi 12 janvier 2010 à 07h58.

Inde : offensive militaire

Une offensive militaire de grande ampleur contre la guérilla maoïste est engagée dans les forêts de certains États du centre-est de l'Inde.

L’opération militaire, baptisée Green Hunt, implique environ 100 000 militaires disposant d'un appui aérien. Les autorités ne veulent pas de témoignages et tous ceux qui se rendent sur place (militants des droits de l’Homme, universitaires, médecins, avocats) sont battus, arrêtés, accusés d’être maoïstes.

La force de la guérilla vient fondamentalement de son insertion dans les mouvements de réactions spontanées de populations locales qui sont parmi les plus misérables de l'Inde. Celles-ci subissent depuis des dizaines d'années les exactions des propriétaires fonciers, des exploitants forestiers, des usuriers, de la police et des forces paramilitaires : extorsion de fonds, arrestations, exécutions, viols, villages brûlés, déplacements forcés, etc. Ces populations n'avaient pour se défendre que leurs outils de travail, des arcs et des flèches. L'armement moderne des maoïstes tombait donc à point nommé. Des habitants ont donc rejoint la guérilla. D'autres ont participé, sous leur direction, à la mise en place de milices.

L'accélération de l'essor de la guérilla, àpartir de 2004, s'explique par la multiplication de projets industriels et miniers impliquant une destruction de l'environnement ainsi que l'expulsion des centaines de milliers de paysans et de populations tribales. Dans les États où les maoïstes sont le plus présents, le sous-sol regorge en effet de richesses minérales. Les protestations populaires se sont heurtées à une répression implacable, renforçant la crédibilité du recours aux armes. Les combattants maoïstes seraient aujourd'hui 20000 et leurs sympathisants des centaines de milliers, avec une présence dans 37 % des districts.

L'exaspération des populations est telle que certains mouvements de masse pacifiques, comme ceux luttant contre la construction de barrages sur la Narbada, n'ont pas hésité àconstituer des alliances avec les maoïstes.

Tout cela n'a pas étédu goût des grandes entreprises étrangères et indiennes. Le gouvernement a donc décidéd'exterminer la guérilla. Au nom de la nécessité de couper les maoïstes de leur base arrière, les autorités terrorisent les populations et les déplacent massivement vers des camps. Après avoir été «nettoyés» et «sécurisés», de gigantesques espaces seront ainsi rendus disponibles pour les projets miniers et industriels.

Tandis que tous les projecteurs sont braqués sur l'opération Green Hunt, à l'écart des zones de guerre, l'assaut contre les droits des pauvres, des travailleurs, des sans-terre, et de ceux dont l'État veut s'emparer des terres continue de plus belle.

Même si une partie d'entre eux critique ou condamne certaines méthodes utilisées par les maoïstes, diverses personnalités, mouvements sociaux et courants de la gauche radicale se mobilisent en Inde pour faire cesser cette offensive militaire. Le NPA est à leurs côtés.

Alain Baron