Publié le Vendredi 23 juillet 2010 à 20h33.

Israël : le racisme d’État s’accentue

Le racisme et l’apartheid s’institutionnalisent en Israël. De nouvelles lois discriminent encore davantage les Palestiniens vivant aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Jeudi 17 juillet, Haneen Zouabi, députée israélienne, perdait ses droits de parlementaire à la Knesset. Son délit ? Aurait-elle aidé des proches à échapper à la fiscalité du pays ? Non, pour la seule démocratie du Moyen-Orient, elle a commis un délit d’opinion : cette députée du parti Balad a participé aux côtés de nombreux militants à la flottille en direction de Gaza afin de dénoncer un blocus illégal. L’acte de piraterie de l’armée israélienne dans les eaux internationales s’est terminé dans un bain de sang. En réponse à l’acte militant de Haneen Zouabi, le 13 juillet une commission de la Knesset a révoqué son immunité parlementaire et les droits propres aux parlementaires israéliens. Première escarmouche annonciatrice d’une attaque juridique qui va se durcir. D’autant que le gouvernement israélien n’en est pas à sa première salve contre des militants palestiniens  détenteurs de la citoyenneté israélienne. Le 6 mai, le dirigeant d’Ittijah, coordination d’ONG palestiniennes en Israël, a été arrêté en pleine nuit à son domicile par un commando des services israéliens. Il est accusé d’espionnage pour le compte du Hezbollah. Cette accusation reflète la situation des  Palestiniens de 48, composante du peuple palestinien qui sont restés pendant la Nakba sur le territoire qui devait devenir Israël en 1948. Pour un État qui se définit comme juif, tout non juif est par définition suspect. Les Palestiniens d’Israël sont perçus comme un danger de l’intérieur au même titre que ceux de Cisjordanie, de Gaza et les réfugiés le sont perçus de l’extérieur. Ces attaques juridiques contre ceux qui s’opposent à la politique raciste de l’État israélien sont cohérentes avec un système fait pour reléguer les Palestiniens dans un statut de seconde zone ou pour les pousser au départ. Les Palestiniens « citoyens » israéliens sont victimes de multiples discriminations socio-économiques : chômage, accès à l’emploi, logement, expropriation continue de terres et de maisons arabes, dans le Nord ou à Jaffa notamment. 52 % des Palestiniens d’Israël vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 16 % des juifs d’Israël. La loi en tant que telle laisse l’illusion aux naïfs d’une égalité au moins formelle entre Israéliens juifs et Palestiniens. C’est oublier quelques dispositions législatives clairement discriminatoires, comme l’impossibilité de se marier avec un Palestinien de Cisjordanie ou de Gaza. C’est surtout oublier le rôle de l’armée dans la société israélienne. Lorsque l’accès à des logements ou des fonctions sont conditionnées au fait de faire le service militaire, et que ce même service militaire ne peut être effectué par les Palestiniens citoyens d’Israël, les inégalités sont formalisées dans un système d’apartheid de fait. Le gouvernement actuel va plus loin, et c’est une vrai institutionnalisation de l’apartheid qui est projetée. Une loi destinée à obliger toute personne demandant la résidence à prêter serment à Israël en tant qu’État Juif sioniste et démocratique est en discussion, tout comme une loi qui permettrait d’enlever la citoyenneté d’une personne considérée comme déloyale vis-à-vis de l’État israélien. Si le mouvement de solidarité se construit essentiellement en direction de Gaza et de Cisjordanie, les Palestiniens dits de l’intérieur sont une composante parfois oubliée du peuple palestinien. Pourtant, ils sont victimes de discriminations révélatrices de l’idéologie sioniste : il ne peut y avoir de droits égaux pour les non juifs en Israël. C’est le sens de la campagne BDS1 qui, au-delà de l’occupation et de la colonisation, s’attaque aux inégalités structurelles dont sont victimes les Palestiniens d’Israël en revendiquant l’égalité des droits.Commission Palestine 1. Boycott, désinvestissement, sanctions.