Les États-Unis disaient pouvoir imposer un cessez-le-feu entre le Liban et Israël. Celui-ci a été déclaré le 29 novembre pour une durée de 60 jours. Juste assez pour que Biden se dise qu’il a fait « le boulot » et passe la main à Trump fin janvier.
Une fin de règne peu glorieuse pour « Genocide Joe » qui aura passé toute l’année à soutenir, armer et finalement encourager l’escalade génocidaire israélienne.
Depuis le 8 octobre 2023, Israël a ciblé le Liban notamment le sud, prétendant s’attaquer aux « terroristes » du Hezbollah mais menant le même style de guerre que celle sur Gaza. Cette politique s’est accélérée début août 2024 et, à la suite des attaques dites des beepers, Israël a fait la guerre à tout le Liban : vols à la vitesse du son, menace sur l’espace aérien, bombardements généralisés dans des quartiers populaires et habités à la fois au nord et au sud. L’objectif était clair : créer les conditions d’une guerre civile pour obtenir un changement de régime qui lui soit plus favorable.
Un cessez-le-feu fragile et
pas d’arrêt à Gaza
Les conditions initiales du cessez-le-feu incluaient la fin de l’offensive à Gaza : ces clauses ne sont plus demandées par le Hezbollah qui a accepté de se retirer au nord du fleuve Litani. Israël n’avait pas vraiment à se retirer puisque son offensive n’a jamais réussi à le positionner de manière durable dans le Sud-Liban.
Le cessez-le-feu temporaire offre un répit aux populations libanaises qui avaient fui le sud pour cause de bombardements. Plusieurs milliers de personnes reviennent dans le sud du pays pour retrouver leur village et leurs maisons dévastées. Les dégâts sont extrêmement importants : plusieurs dizaines de villages rasés presque totalement, des infrastructures dévastées et encore 4 000 mortEs à déplorer. Tout ça pour un cessez-le-feu temporaire et fragile puisque plusieurs violations de l’accord (52 au total, à l’heure où nous écrivons) de la part d’Israël ont été constatées. Pour l’instant, l’escalade n’a pas eu lieu mais il est à craindre que ce ne soit que provisoire.
En effet, en termes opérationnels, Netanyahou était un peu contraint au cessez-le-feu : armée de réservistes épuisés, pas de victoire ni tactique (au sol) ni politique au Liban et une attente de réarmement.
Il n’empêche que le front sur Gaza n’a pas été interrompu du tout. Les massacres dans le nord de Gaza continuent dans l’indifférence et l’aveuglement général. D’autant plus que depuis octobre 2023, l’armée israélienne a tué 192 journalistes à Gaza. La mort d’humanitaires de l’association américaine Kitchen of the World, qui en avril avait fait scandale, est, cette fois, passée inaperçue dans les médias…
Déstabilisation de la région
L’UNRWA a décidé de stopper toute livraison de camions humanitaires par l’entrée nord de Gaza. L’association onusienne accuse Israël de laisser des gangs armés s’en prendre aux camions en exigeant soit des rançons, soit en volant la marchandise directement. Certains de ces groupes se sont affrontés au Hamas. Celui-ci accuse l’armée israélienne de complaisance avec les voleurs. La conséquence désastreuse est que tout le nord de Gaza est livré à lui-même sans aucun moyen de subsistance. Même si une délégation du Hamas était reçue au Caire pour reprendre les négociations de cessez-le-feu à Gaza, il est clair qu’Israël n’a aucunement l’intention de cesser la destruction et les massacres.
Israël a profondément déstabilisé la région. La Palestine, le Liban mais aussi la Syrie avec un renouveau des luttes entre factions armées dans la région d’Alep (voir page 4). Depuis des décennies, la présence de la colonie en Palestine a été la principale cause d’instabilité dans cette région du Moyen-Orient. Il est grand temps que cet État colonial à bout de souffle et de plus en plus dangereux s’effondre et devienne un État sans apartheid, sans occupation et sans expansionnisme militaire.
Édouard Soulier