Publié le Mercredi 10 mai 2023 à 19h00.

Italie : un 1er Mai qui tourne au cauchemar

Giorgia Meloni choisit la date symbolique du 1er Mai pour réunir son Conseil des ministres afin de discuter d’une série de mesures concernant le monde du travail !

Sans surprise et malgré les annonces propagandistes autour des quelques miettes destinées aux bas salaires, la présidente d’extrême droite poursuit une violente offensive contre les travailleurEs, les chômeurEs et l’ensemble des classes populaires.

Baisse des cotisations et hausse de la précarité

Peu de personnes semblent avoir compris que la réduction de la niche fiscale qui permettra de verser 100 euros aux revenus allant jusqu’à 35 000 euros, sur la période comprise entre juillet et décembre 2023, est obtenue par une diminution des taux de cotisation destinés à payer les retraites.

Saluée positivement par la Confindustria, le syndicat des patrons, cette augmentation dérisoire et temporaire des bas salaires sera donc payée par les travailleurEs et les retraitéEs en imposant une pression ultérieure sur le régime de sécurité sociale. La réaction des syndicats face à cet enfumage reste faible, ce qui n’aide pas à démasquer les dangers qui se cachent derrière la politique antisociale du gouvernement.

Le défi pour Meloni : faire pire que le job’s act

Cette mesure n’arrive malheureusement pas toute seule. L’alliance des droites réussit dans une entreprise très difficile : faire pire que le Job’s Act de Matteo Renzi. Les contrats à durée déterminée de plus de 12 mois n’ont plus besoin d’être justifiés. À partir de maintenant, il sera en outre encore plus facile de dissimuler un licenciement en une démission : il suffira de ne pas être présent au travail pendant cinq jours consécutifs pour être considéréE démissionnaire et ainsi ne pas toucher les indemnités de chômage.

Guerre aux pauvres et haine de classe

Comme si ces mesures ne suffisaient pas à précariser et détruire les conditions de travail du plus grand nombre, Meloni revient à la charge contre le revenu de citoyenneté. À partir du 1er janvier 2024, celui-ci sera remplacé par un chèque mensuel « d’inclusion » de 480 euros, conditionné à un « parcours personnalisé d’activation et d’inclusion sociale et professionnelle ». Dans la pratique, le chèque ne sera accordé qu’aux ménages pauvres comptant une personne handicapée, un mineur ou une personne de plus de 60 ans. L’allocation n’est pas accordée aux ménages dans lesquels se trouve unE travailleurE qui a démissionné volontairement au cours des 12 mois précédant la demande et est supprimée en cas de refus d’une offre d’emploi permanent dans un rayon de 80 km du domicile.

Profitant à la bourgeoisie, ce projet antipopulaire répond à une logique d’écrasement et de sur­exploitation des plus faibles, considéréEs ­responsables de leur propre situation de misère et d’exclusion.

L’urgence de la mobilisation

Les attaques contre le monde du travail ne sont pas une spécificité italienne. N’en déplaise à Darmanin, qui prétend être plus compétent que Meloni en matière de racisme et autoritarisme, les mesures du gouvernement italien font écho aux programme néolibéral déployé en France.

Seul un large mouvement de grève et d’occupation de l’espace public peut inverser le cours des choses. La ville de Bologne, dite la Rouge, est la première à avoir accueilli la première journée de mobilisation intersyndicale dont les chiffres de participation semblent encourageants. Les syndicats misent sur l’unité pour demander l’abrogation du Job’s Act. La balle est maintenant dans le camp des travailleurs et des travailleuses mais aussi de la jeunesse et de l’ensemble des classes populaires, seules capables de rompre avec une société d’exploitation et d’oppression.