Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h56.

La question palestinienne à l’Université

Malgré les pressions et la fermeture de l’Université Paris 8-Saint-Denis, le colloque « Israël, un État d’apartheid ? », s’est maintenu les 27 et 28 février à la Bourse du travail de Saint-Denis sans aucun incident. Plus de 300 personnes sont venues assister aux tables rondes pendant les deux jours de débats. Le fait d’avoir dû déplacer ce rendez-vous à l’extérieur de la faculté a privé les étudiantEs d’exercer leurs droits à la liberté d’expression et au savoir. Malgré la lettre des 500 universitaires contestant la décision de la présidence, les protestations de plusieurs départements de Paris 8 et d’un millier d’étudiants ainsi que les condamnations de l’ensemble des syndicats, le président s’est obstiné à refuser la tenue du colloque. Cette décision est grave et irresponsable. La critique d’Israël deviendrait-elle un tabou universitaire ? Une question légitime qui doit se poser après l’interdiction de conférences sur la question palestinienne à l’EHESS et à l’ENS et la fermeture de Paris 8 les 27 et 28 février et de l’IEP de Lyon le 2 mars : si ce n’est pas à l’université que l’on peut interroger et critiquer la politique d’Israël, où va-t-on les poser ? Par essence, l’université est un lieu d’échanges et de réflexions.

Ceci nous amène à un fait : nous sommes aujourd’hui traités comme des immatures à qui on voudrait imposer une idéologie. Une institution publique ne défend plus ses valeurs en se soumettant à des lobbies privés et en censurant notre propre liberté d’expression.

Tout au long du colloque, la pertinence du concept de l’apartheid appliqué sur le cas israélien a été interrogée, suivie d’une mise en perspective du boycott économique et académique de l’État d’Israël. Dans quelle mesure peut-on parler d’apartheid et comment la politique israélienne exerce son pouvoir ? La notion de spatiocide, évoquée lors du colloque, est un reflet de la politique colonisatrice de captation des terres palestiniennes avec pour but d’exercer un nettoyage ethnique. Autre point évoqué, la légalisation de la discrimination, y compris même en Israël, qui provoque une césure du terme de citoyenneté : l’administration civile et territoriale israélienne mais aussi celle de l’Autorité palestinienne, marque la situation de non-lieux dans l’espace du territoire palestinien.

La campagne BDS sanctionne ces différents procédés politiques précédemment énumérés et bien d’autres violations du droit par Israël. Initiée par la société civile palestinienne en 2005, le boycott est aujourd’hui un moyen de soutenir la cause palestinienne.

Nous allons, malgré la censure, continuer à organiser des projections de films mais aussi des débats comme celui intitulé « Quelle place pour la question palestinienne à l’Université ? » jeudi 29 mars à 18 heures.

Alessandra et Hélène, pour le Collectif Palestine de Paris 8