Le vendredi 30 mars, plusieurs dizaines de milliers de PalestinienEs manifestaient, en Cisjordanie et à Gaza, pour inaugurer la « marche du Retour », une série d’initiatives qui culminera le 15 mai à l’occasion du 70e anniversaire de la Nakba, la grande expulsion des PalestinienEs lors de la création de l’État d’Israël. À Gaza, l’armée israélienne a tiré à balles réelles sur les manifestantEs, alors qu’ils et elles étaient désarmés. Bilan : 20 mortEs et plus de 1 500 blesséEs. Une semaine plus tard, les snipers de l’armée d’occupation ont récidivé lors de nouvelles manifestations : 10 mortEs et plus de 400 blesséEs.
Interviewé à propos de ces tueries, le ministre de la Défense d’extrême droite Avigdor Lieberman a déclaré : « Il n’y a pas de gens naïfs dans la bande de Gaza. Tout le monde est connecté au Hamas. […] Tout le monde reçoit un salaire du Hamas et tous les militants qui essaient de nous défier et de franchir la frontière sont des militants de la branche armée du Hamas ». En d’autres termes, Lieberman assume sans complexe le fait que, pour Israël, touTEs les GazaouiEs méritent d’être châtiés et que, dans la petite bande côtière surpeuplée, personne n’est innocent.
Punition collective
Cohérent avec cette position en totale contradiction avec le droit international, qui interdit toute forme de punition collective, l’État d’Israël a refusé les enquêtes demandées par la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini et par le secrétaire général de l’ONU, tandis que les États-Unis ont joué leur rôle habituel en bloquant toute saisie ou déclaration du conseil de sécurité de l’ONU. Une telle enquête et une telle déclaration auraient-elles changé quoi que ce soit à la situation sur le terrain ? Certainement pas. Mais ces événements témoignent une fois de plus du sentiment d’impunité totale dont jouit l’État d’Israël, et de la façon dont ses « amis » le couvrent dans les institutions internationales. Et c’est bien parce qu’elles se sentaient autorisées à récidiver que les autorités israéliennes ont de nouveau donné l’ordre de tirer le 6 avril, conscientes qu’elles ne risquaient à peu près rien, sinon de timides condamnations de la « communauté internationale ».
Israël : un État hors-la-loi
Ce qui se joue en ce moment à Gaza nous rappelle à quel point les PalestinienEs ne peuvent compter que sur leurs propres forces, et sur le mouvement de solidarité internationale. Ce qu’ils et elles osent revendiquer, ce sont leurs droits. Rien de plus. Des droits consacrés par de multiples résolutions de l’ONU et théoriquement protégés par des dizaines de conventions internationales, résolutions et conventions qui prévoient des mécanismes de sanction contre les États qui ne les respecteraient pas. L’État d’Israël est un État hors-la-loi et, on ne le répétera jamais assez, mérite d’être sanctionné. Agir pour la mémoire des morts de Gaza, agir pour l’avenir du peuple palestinien, c’est agir pour isoler et affaiblir l’État d’Israël. La campagne BDS, construite sur le modèle de la campagne de boycott de l’Afrique du Sud de l’Apartheid, a remporté des victoires au cours des dernières années. Il faut la prolonger, la développer, en refusant toute forme de chantage à l’antisémitisme et en rappelant que dans la « grande guerre pour la civilisation », les barbares ne sont pas forcément ceux que l’on nous présente comme tels.
Julien Salingue