Publié le Mardi 13 juillet 2021 à 17h18.

L’Autorité palestinienne réprime violemment la contestation

Depuis la mort de l’opposant palestinien Nizar Banat, assassiné le 24 juin par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, la colère gronde en Cisjordanie. Face à cette colère, dirigée contre Mahmoud Abbas, son appareil sécuritaire et sa politique de coopération/collaboration avec Israël, l’Autorité palestinienne a fait le choix de la répression violente.

 

Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne (AP) ont multiplié, ces derniers jours, les passages à tabac, les mesures de répression et les arrestations violentes à l'encontre des personnes protestant contre la mort de Nizar Banat peu après son arrestation par les forces de l'Autorité palestinienne le 24 juin. Ainsi, dimanche dernier, les forces de l'AP ont dispersé une manifestation pacifique dans les villes de Ramallah et d'al-Bireh, en Cisjordanie occupée, et arrêté un certain nombre de manifestants.

Qui l'Autorité palestinienne arrête-t-elle ?

Les noms des Palestiniens arrêtés par l'AP ces derniers jours ne sont pas inconnus. Certains d'entre eux sont des militants de premier plan qui critiquent ouvertement Israël et l'Autorité palestinienne.

Les arrestations, tant par la nature de leurs cibles que par leur brutalité, confirment une fois de plus que les forces de l'AP sont les fantassins d'Israël. En tant que proxy ou extension de l'appareil d'occupation israélien, l'objectif principal de l'AP est de réprimer la résistance en Cisjordanie.

Haitham Siyaj est l'une de ces personnes détenues par l'AP. Son nom est familier dans les rues de Ramallah puisqu'il faisait partie d'un groupe de militants que l'AP a arrêtés aux côtés de l'intellectuel et militant bien connu Bassel al-Araj en 2016.

Une autre activiste arrêté par l'AP est Mays Abu Ghosh. Elle avait été précédemment détenue pendant 15 mois par Israël et libérée fin 2020. Pendant son emprisonnement en Israël, Abu Ghosh aurait été torturée, contrainte de rester dans des positions douloureuses pendant de longues périodes et soumise à des pressions psychologiques. Abu Ghosh était alors étudiante en journalisme à l'université de Birzeit, en Cisjordanie. La fiche d'inculpation qu'Israël avait alors dressée contre elle mentionnait son appartenance à Qutub, un groupe d'étudiants de gauche jugé « illégal » par Israël en raison de son association présumée avec le Front populaire de libération de la Palestine, un parti politique de gauche.

Autre signe que les deux forces travaillent de concert, les forces d'occupation israéliennes ont arrêté dimanche un éminent défenseur des droits de l'homme après qu'il eut participé à une manifestation contre la mort de Nizar Banat.

Une collaboration accrue

Pendant ce temps, alors que l’AP réprime les dissidents et les critiques de l'occupation, elle renforce les accords avec le nouveau gouvernement israélien, remplis de nombreux criminels de guerre et d’extrémistes.

L'une de ces initiatives est la relance du comité économique conjoint, né des accords d'Oslo dans les années 1990, mais inactif depuis 2009.

Selon le quotidien israélien Haaretz, le comité s’est fixé deux objectifs : garantir environ 17 000 permis de travail supplémentaires en Israël pour les Palestiniens de Cisjordanie occupée et faire avancer la régularisation de l'administration des carburants.

Un autre aspect intéressant, selon le journal, est la promotion d'une plus grande coordination entre les ministères palestiniens et israéliens, ce qui augmenterait la collaboration entre Israël et l'AP.

Le dirigeant de l'AP, Mahmoud Abbas, a appelé le président sortant d'Israël, Reuven Rivlin, mardi, avant que ce dernier ne quitte ses fonctions le lendemain. Et la semaine dernière, Rivlin aurait appelé Abbas « mon voisin et mon partenaire » lors d'un déjeuner des Nations unies organisé pour la fin de son mandat, laissant peu de place au doute quant aux loyautés du régime Abbas.

Traduction Julien Salingue

 

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