À la fin de 2015, il y avait 60 millions de personnes déplacées dans le monde. La plupart sont hébergées dans leur propre pays ou dans des États voisins. En 2014, les pays en développement abritaient plus de 86 % des réfugiées mondiaux contre 70 % 10 ans plus tôt. Pour sa part, l’Europe a reçu seulement un peu plus d’un million de réfugiéEs en 2015. Néanmoins, la situation est présentée comme catastrophique, et l’Union européenne a renforcé ses frontières, mobilisé des forces armées et essayé toutes les solutions pour tenter d’empêcher les réfugiéEs d’atteindre les côtes européennes, cela au prix de morts de plus en plus nombreux en Méditerranée.
Un rapport récent d’une ONG néerlandaise montre que cette politique sécuritaire, dont le budget gonfle constamment (de 15 milliards de dollars en 2015, il passerait à 29 milliards en 2022), fournit des marchés juteux à d’importants groupes industriels qui fournissent les dispositifs de renforcement des frontières et de contrôle des migrantEs, ainsi que des armes et équipements divers. Parmi les principaux bénéficiaires de ces marchés, on trouve Airbus (hélicoptères, système de communication, radars), Thales, Safran, l’espagnol Indra, l’italien Finmeccanica. Les seules sociétés non-européennes à bénéficier de ce pactole sont des entreprises israéliennes qui recyclent leur expertise acquise dans le contrôle des territoires palestiniens...
Le rapport souligne le fait que Thales, Safran et Finmeccanica figurent aussi parmi les plus gros fournisseurs d’armes aux États du Moyen-Orient et du Maghreb. Ces armes accroissent l’instabilité de la région et sont une des causes des conflits qui amènent des populations à vouloir chercher refuge en Europe. En 2015, l’Arabie saoudite était le premier importateur d’armes au monde. L’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Qatar, l’Algérie, Israël et la Turquie figurent parmi les 20 premiers.
Les marchands de canons gagnent donc sur les deux tableaux : militarisation du contrôle des frontières européennes et augmentation des ventes d’armes, tout cela bien entendu avec le soutien des gouvernements des États européens exportateurs.