Publié le Mercredi 10 juin 2015 à 08h22.

Le client est roi... même quand il torture et assassine!

L’Arabie saoudite, ce partenaire privilégié de la France, ce royaume dans lequel se sont précipités tous les chefs d’État de la planète à l’occasion de l’enterrement du roi Abdallah début 2015, vient une nouvelle fois de s’illustrer. Dix ans de prison, dix ans d’interdiction de quitter le territoire, et 1 000 coups de fouet pour Raif Badawi, telle est la peine « irrévocable » confirmée par la Cour suprême. Le blogueur est en prison depuis 2012, condamné en 2014. Son crime ? Avoir animé un site Internet qui défend la liberté d’expression.

Mais la liberté d’expression tant vantée par le gouvernement français n’est visiblement pas une raison suffisante pour se brouiller avec le régime saoudien. Ni la répression féroce – avec le recours systématique à la torture et aux châtiments corporels tels que la flagellation et l’amputation – ni même la peine de mort et l’exécution de 84 personnes depuis le début de l’année, ne freine l’État français, pourtant toujours si prompt à se draper dans les droits humains en général et les droits des femmes en particulier quand il s’agit de justifier ses interventions militaires... Christine Lagarde était même allée jusqu’à qualifier le défunt roi Abdallah d’homme qui, « de manière discrète », était « un grand défenseur des femmes ». Pourtant, la discrimination des femmes, en droit comme en pratique, est systématique : sans l’autorisation d’un homme, impossible de se marier, d’entreprendre un voyage, de subir certaines interventions chirurgicales, de prendre un emploi rémunéré ou de suivre un enseignement supérieur... et interdiction pure et simple de conduire. « De manière discrète », c’est le moins que l’on puisse en dire !

Hollande voue une grande fidélité à l’Arabie saoudite qui s’est concrétisée dans trois visites d’État entre novembre 2012 et janvier 2015. L’industrie d’armement en est la première bénéficiaire : la France avait déjà triplé ses ventes d’armes entre 2012 et 2013, et en novembre 2014, 3 milliards de dollars ont été obtenus grâce à l’accord-cadre signé par le ministre des Finances saoudien et le PDG d’Odas, la société chargée des contrats d’armements décrochés par la France en Arabie saoudite. Vraiment, le client est roi ! 

Christine Poupin